MIRÓ

PEINTURE ET RESISTANCE

Le Grand Palais expose une rétrospective somptueuse de l’œuvre pluri-formelle et poly-chromatique du prolifique artiste catalan Joan Miró, figure picturale majeure du 20ème siècle et référence pour plusieurs générations de peintres.

PAR  FRANCISCO CRUZ

C’est un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui gravitent dans la constellation des beaux-arts et, a fortiori, pour toutes les âmes sensibles à la beauté de la forme, des couleurs, de la lumière… et de la pensée qui inspire et donne du sens à une œuvre.

Dans le paysage gris hivernal de cette fin d’année, la peinture lumineuse et le chromatisme affirmé de Miró sont source d’espoir, quand le libéralisme le plus outrancier et vulgaire semble s’être emparé du pouvoir politique dans ce monde globalisé. « Pour   moi, disait Miró, un   tableau   doit   produire comme   des   étincelles.   Il   faut   qu’il   éblouisse, comme   la   beauté   d’une   femme   ou   d’un   poème .»

Farouche opposant au fascisme franquiste qui a régné en Espagne, et oppressé singulièrement la Catalogne pendant quatre décennies, Miró – qui dut s’exiler à Paris pendant la guerre civile espagnole – a été un témoin sensible de son temps, et son œuvre traduit ses sentiments face aux crimes des dictatures latino-américaines aussi bien que face à ceux de la dictature espagnole contre les jeunes anarchistes de son pays. Influencé tant par le cubisme que par le surréalisme, Miró ne s’est jamais laissé enfermer dans un schéma esthétique. Il y a 44 ans, il déclarait : « Les gens comprendront au fil du temps que j’ouvrais des   portes sur un autre avenir, contre toutes les idées fausses, tous les fanatismes ».

Ni figurative, ni abstraite, son œuvre est une recherche continue et engagée dans l’ouverture d’horizons et la création de nouvelles formes expressives, un pont entre réalité et rêverie, diagnostic et utopie. Ses bleus méditerranéens sont une véritable ode à la liberté, une musique silencieuse, voire une méditation. «… (Les trois grands toiles bleues) J’ai mis beaucoup de temps à les aboutir. Pas à les peindre, mais à les méditer. Il m’a fallu… une grande tension intérieure pour arriver au dépouillement voulu ».

Par les temps qui courent – de misère dégénérative et répression policière dans les rues de Paris – admirer l’œuvre de Miró est aussi un acte de résistance.

MIRÓ

PARIS, LE GRAND PALAIS

JUSQU’AU 4 FEVRIER 2019