ALMODOVAR PAR ALMODOVAR
PAR LUNA CRUZ
Le dernier film de Pedro Almodovar déconcerte et ravit par sa densité. Certains y voient un film très personnel, le réalisateur choisissant Antonio Banderas – en réalisateur de cinéma vieillissant dans le film – pour exprimer certains de ses sentiments intimes. Peut-être. Ce qui est certain, c’est qu’à partir de ce personnage incroyablement interprété – dans ce qui restera sûrement comme la prestation la plus habitée de Banderas (couronné du prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes) -, Almodovar débute un récit immense et passionnant. Le personnage évoque son enfance, aborde sa relation avec sa mère (campée par Pénélope Cruz) et sa rencontre avec un jeune homme qui sera « son premier désir ».
Au présent, le cinéaste Banderas retrouve l’acteur de son premier film et une relation inégale, mais touchante, s’instaure entre les deux hommes sur fond d’héroïne. Le risque demeure, jusqu’au milieu de la narration, que le film soit d’abord une exploration nostalgique du passé du metteur en scène. Mais ce n’est pas le cas : la seconde partie du récit confirme toutes les promesses distillées dans la première. Almodovar offre alors à son personnage la possibilité d’explorer d’autres confrontations et rencontres notamment celle avec son premier grand-amour, son agent, ou sa mère, en fin de vie. Douleur Et Gloire trace l’histoire d’un homme malade rattrapé par le temps, mais se révèle surtout être un film incroyablement humain où le réalisateur dépeint avec justesse et amour chacun de ses personnages. Un grand Almodovar.
DOULEUR ET GLOIRE
De Pedro Almodovar