RON CARTER-DANNY SIMMONS – « THE BROWN BEATNIK TOMES »

SPOKEN JAZZ

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

L’automne dernier, Ron Carter (bassiste du second quintet de Miles Davis, et, avec 2200 sessions, recordman du monde du passage en studio), et Danny Simmons, peintre, poète, co-fondateur de Def Poetry Jam et héritier d’une tradition du spoken-word nourrie des écrits d’Allen Ginsberg ou Kerouak, s’installent sur la scène du Bric House (Brooklyn), pour une performance incluant la projection de reproductions des œuvres de Simmons, la voix chaleureuse de ce dernier, et la contrebasse enveloppante de Carter.

Deux pauses musicales, au cours desquelles le pianiste Donald Vega et le guitariste Russell Malone (reconstituant ainsi le trio de Carter) contribuent à la visite intimiste de deux pièces, dont une brève reprise du standard « There Will Never Be Another You », agrémentent le programme, ainsi que l’intervention de la poétesse Liza Jessie Peterson. Au cours d’une petite demi-heure, les textes évoquent certaines figures disparues, une liste non exhaustive d’afro-américains ayant souffert de menées violentes de la part du pouvoir blanc, et, sur un mode plus léger, les délices d’une tendresse nettement coquine. Naturellement, la barrière de la langue (malgré un livret compilant les textes retenus) fera qu’assez vite, on goûtera plutôt le son que le sens, la contrebasse tellurique et la voix comme un oiseau malicieux que les mots. Mais même le non anglophone sera sensible à cette atmosphère de conte, et à la profonde chaleur humaine qui s’en dégage.

RON CARTER-DANNY SIMMONS

The Brown Beatnik Tomes

(Blue Note)

JAZZ

4/5