PAR FRANCISCO CRUZ

Le titre de ce nouvel album est éloquent : après le temps en clair-obscur de Chaos (2017), c’est un espace ouvert et lumineux qui traverse le mouvement créatif du compositeur français. Evocation en filigrane de ses albums consacrés à la danse contemporaine, et fascination devant l’évolution gestuelle de sa petite fille, ces Petits Sauts Délicats… font le grand écart entre ses premières réussites acoustiques inspirées par le mouvement chorégraphique minimaliste de Carolyn Carlson et ses dernières incursions dans le monde cinématographique pour enfants (Gruffalo, Stickman). Comme une onde convergente de joie et de légèreté, dégageant une grande sérénité, plus qu’une synthèse des meilleurs moments de sa prolifique discographie, les Petits Sauts Délicats… invoquent les esprits danseurs et sautillants croisés dans ses œuvres Steppe, Signes ou Plaisirs d’Amour. Dans une variété de tons et de rythmes, ils évoluèrent d’abord dans les « Paysages Intérieurs » – spectacle de Mary Underwood et Philippe Genty -, pour ensuite s’affranchir dans des espaces exposés à la diffusion digitale ou encore physique d’une musique à écouter sans modération. Des séquences qui rappellent Kurt Weill et des compositions proches du tout-tonal développé par Philip Glass, René Aubry invite ici les voix de Madeleine Røseth, Benedikte Sandberg, Simon Rann et Scott Koehler, le bassiste Benoit Dunoyer De Segonzac et le clarinettiste Renaud Gabriel Pion. Multi-instrumentiste, il intervient à la guitare, au violon, au banjo, à la mandoline et à l’accordéon. Un album de pur plaisir à partager.

RENÉ AUBRY

Petits Sauts Délicats Avec Grand Écart

(Hopi Mesa/Wagram)

MUSIQUE CONTEMPORAINE