NATALIA M. KING – « WOMAN MIND OF MY OWN »

 

Sept années de silence discographique, interrompues par neuf chansons (dont deux reprises et trois remarquables invités), et donc rattrapée par un col au caractère bien trempé par la nouvelle équipe de son nouveau label : à l’heure d’un septième album, la chanteuse américano-dominicaine, formée dans les couloirs du métro parisien, tourne le dos à l’arithmétique comptable, et revisite ses racines (blues et soul sont dans un bateau) en rapprochant de manière troublante le Delta du Mississippi et Memphis (Tennessee)…

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Natalia M. King a poussé les chaises, et fait une place à l’accordéoniste Vincent Peirani, venu napper un thème de larges lampées sensuelles, en enrobant la raucité du chant. Le maori Grant Haua a dialogué avec la patronne dans un « (Lover) You Don’t Treat Me No Good » (Sonia Dada) plus soul que nature. Et le sublime exilé Elliott Murphy a participé au duo lumineux de « Pink Houses », reprise de John Mellencamp lorsqu’il se surnommait encore Cougar. Mais que l’on ne se méprenne pas : que ce soit dans ces invitations, une version dénudée du « One More Try » de George Michael ou le reste des partitions originales, Woman Mind of My Own doit avant tout à la jeune femme, parfaitement maîtresse de son art. Une chanson-titre pour une ouverture tout en glissandi de slide guitar, le travail liturgique de chœurs à suivre, une invitation sensuelle bronzée par les cuivres, ou l’acoustique navrée d’une géographie amoureuse conjuguée au passé (« So Far Away ») : la voix chante l’amour certes, mais également l’exil, et la vertu du coup de pied au fond de la piscine qui permet de surmonter toute dépression. Le tout riche d’un chant proche de la perfection, nuancé mais également d’une technicité à toute épreuve. On a le droit de penser à Tracy Chapman ou Aretha Franklin, pour peu que l’on finisse par conclure par le nom de Natalia M. King. Woman Mind of My Own est votre meilleur ami pour l’hiver.

NATALIA M. KING
Woman Mind Of My Owns
(Dixiefrog Records)