MALENA ZAVALA – « LA YARARÁ »

UNE GAUCHO PAS GAUCHE

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Malena Zavala, ses racines argentines, ses parents d’origine italienne, ses attaches londoniennes, et après un premier album époustouflant (Aliso) paru il y a deux années, propose un deuxième effort polyglotte, où sa dream-pop s’oriente vers le psychédélisme et la cumbia : le rêve continue.

Interprétée sur un mode sophistiqué, en alternance entre anglais et espagnol, la musique de la jeune femme n’est plus uniquement de la pop. Le caractère mondialiste de son inspiration (du bolero à l’americana, en passant par un afro-funk comme on peut en entendre du côté de Lagos, ou de la musique folklorique argentine) teinte les harmonies faciles du genre des ténèbres de la mélancolie et dépasse les clivages. Et lorsqu’elle chante la détresse du départ, la peine de la déchirure, ses mots brassent les émotions collectives dans une grande pertinence. Le chant, hypnotique, élabore alors de ces moments rares où tout s’interrompt. Celle qui se reconnait une maîtresse unique (la collection de disques de son père) et une unique ambition adolescente (devenir la nouvelle Britney Spears), a grandi artistiquement auprès de son frère Lucas (elle fut la chanteuse de son groupe), et, désormais, compose, chante et instrumentalise des vignettes oniriques, sensuelles ou troublées. Malena Zavala plonge dans le terreau nourricier d’une culture duelle, et en ramène des pépites du quotidien qui en font une artiste rare.

MALENA ZAVALA
La Yarará
(Yucatan Records)
POP-WORLD