QUOI DE NEUF, DOCTEUR ?
PAR CHRISTIAN LARRÈDE
Parrain officieux de l’acid jazz et inspirateur breveté de plusieurs générations de hip-hopers, converti sur le tard au sikhisme, et maître incontesté de l’orgue Hammond B-3 variante funky soul, Dr. Lonnie Smith s’impose ici et définitivement comme un médecin de l’âme.
Encadré par deux reprises dans lesquelles un Iggy Pop retenu jusqu’au murmure tourne le coin (« Why Can’t We Live Together » de Timmy Thomas, où l’orgue semble croiser l’ombre portée de Ray Manzarek des Doors, et un « Sunshine Superman » pépère, emprunté à Donovan Leitch), Breathe est un album en public, enregistré en 2017, à l’occasion du 75ème anniversaire du leader, au Jazz Standard de New York.
L’album consacre le retour du jazzman au sein d’un label qu’il avait quitté il y a une trentaine d’années, ce qui sied idéalement à une prestation que l’on peut sans déchoir qualifier de chaleureusement familiale. Le set bénéficie d’une section de cuivres rutilante (le tromboniste Robin Eubanks et John Ellis au saxophone ténor), et de la production affectueuse et raisonnée de Don Was. Le trio habituel de Smith (le batteur Jonathan Blake, et Jonathan Kreisberg à la guitare) complète le casting, et musarde au sein d’un thème de Monk et de quelques standards maison, dans des sonorités qui conjuguent ferveur liturgique et inspiration cosmique. Alter ego de Jimmy Smith (sans l’affèterie technique) le bon Docteur domestique ses claviers et autres cabines Leslie avec le flegme et la joie de jouer d’un sage. Une belle âme, vraiment.
DR. LONNIE SMITH
Breathe
(Blue Note)
JAZZ