Le duo a essaimé les singles tout au long de cette année, attisant l’attente des amateurs de soul sevrés de bon son depuis pas mal de temps. Avec Bootsy Collins pour parrain (et invité), Bruno Mars et Anderson Paak puisent leur inspiration dans la musique des sixties et seventies mais, comme dans leurs productions respectives, s’extirpent du revivalisme avec un savoir-faire réjouissant.
PAR ROMAIN GROSMAN
Motown, Philly (surtout), The Delfonics, The Stylistics, les JB’s, le P-Funk ou encore Earth Wind & Fire : côté références, le duo n’avance pas masqué. Leur culture old school les a rapproché il y a plusieurs années déjà, lorsque Bruno Mars et Anderson Paak ont sillonné le monde ensemble, le second assurant la première partie du premier sur son « 24K Magic Tour ». Unissant leur talents dans le projet Silk Sonic, ils signent ici une session où les ballades soyeuses, mid-tempo et grooves rageurs sont d’abord des petits bijoux d’harmonies vocales (la touche Bruno Mars en lead), de rythmiques irrésistibles (l’influence du batteur Anderson Paak), et inventent le plus simplement du monde une soul 2.0 totalement ancrée dans l’héritage de leurs devanciers, mais avec, sur le plan sonore, une modernité et une efficacité évidentes.
Chaque titre – huit, et une intro, sur un format ramassé mais diablement cohérent -, renvoie à une époque que l’on croyait révolue. Celle d’un hédonisme léger, partagé, contagieux, de mélodies accrocheuses, de titres invitants au lâcher-prise, à retrouver le chemin des dancefloors pour danser, s’oublier, séduire, se laisser séduire et emporter par une session feelgood, tellement bienvenue par ces temps si noirs pour l’humanité…
BRUNO MARS & ANDERSON PAAK
An Evening With Silk Sonic
(Aftermath Music/Atlantic)