PAR ROMAIN GROSMAN
Janvier 1967 – août 1970 : en trente quatre titres, cette anthologie (double cd ou double vinyle) pioche dans les albums mythiques de sa période Atlantic (I Never Loved A Man…, Aretha Arrives, Lady Soul, Aretha Now, Soul ’69, This Girl’s In Love With You, Spirits In The Dark… ) une sélection de classiques de la « Queen » à son apogée artistique. Jerry Wrexler a associé la jeune révélation venue du gospel, polie par ses albums jazz de l’époque Columbia, aux musiciens des studios de Muscle Shoals dans l’Alabama. Son expressivité, sa simplicité et son naturel au moment d’incarner tous les sentiments – le blues, la fierté, la colère, l’affirmation – , s’épanouissent alors au fil des sessions rapprochées, avec la force de la sincérité et dans une forme d’évidence qui en font une interprète universelle. Soul ? Surement, dans l’acception la plus littérale du terme : Aretha (avec Marvin, Stevie, Curtis, ils sont une poignée à se faire appeler par leur seul prénom, tant ils nous semblent proches dans l’expression des moments heureux ou tristes de nos propres vies) s’empare de chansons écrites pour elles ou de standards de compositeurs aussi différents que Burt Bacharach, Ray Charles, les Beatles, The Band, Smokey Robinson, Sam Cooke ou Otis Redding pour en offrir des versions inoubliables. Grammys, disques d’or et numéros un pleuvent au fil d’enregistrements désormais historiques : « I Never Loved A Man… », « Respect », « Chain Of Fools », « Think »… Une collection pour redécouvrir des trésors désarmants de justesse, au plus près de l’âme, tel le bouleversant « Call Me », signé de sa main, à ranger parmi les chefs d’œuvre de soul sentimentale (Aretha l’écrivit peu après avoir été témoin de la conversation passionnelle d’un jeune couple, à Manhattan), tout près du sublime « Simply Beautiful » d’Al Green.
ARETHA FRANKLIN
The Atlantic Singles Collection 1967-1970
(Atlantic)
SOUL