NESRINE BELMOKH – SOUVENIRS SUR SCENE

La violoncelliste et compositrice Nesrine Belmokh chante parfois des balades amoureuses. Pourtant, sa carrière internationale n’a pas débuté dans la chanson, ni dans des clubs de jazz, mais derrière des pupitres d’orchestres symphoniques, à Valence, en Espagne. Elle avait alors vingt-cinq ans… Aujourd’hui, elle publie Kan Ya Makan, la suite de Nes et de Nesrine, ses précédents albums parus chez ACT, le label de jazz allemand.

PAR FRANCISCO CRUZ                                                                                                          PHOTO JAIR SFEZ

DE BARENBOIM A ANDERSON PAAK

A Valence, en Espagne, elle a joué avec l’orchestre de l’Opéra, dirigé par Lorin Maazel et Zubin Mehta, pendant huit ans. Ensuite, elle a fait une saison avec le Cirque du Soleil, avant d’éprouver le besoin de réaliser ses projets personnels. C’est à Valence aussi qu’elle a retrouvé les musiciens de son premier disque, dont certains continuent de l’accompagner sur les albums qui se succèdent. Puis, à Séville, elle a participé à une résidence avec Daniel Barenboim et l’East-Western Divan Orchestre. « En Berenboim, j’ai découvert une personnalité fascinante, dotée d’une énergie et d’un dynamisme incroyables, capable de se dédoubler dans la réalisation de plusieurs projets parallèles. Travailler avec lui fut passionnant et très inspirant. »

Femme et artiste libre, Nesrine Belmokh l’était déjà avant les mouvements féministes. Elle a pu ainsi réaliser ses objectifs créatifs, mais aussi refuser au passage d’autres propositions, comme l’invitation de participer à l’émission « The Voice », par exemple. « J’aurais été « grillée » avant même de présenter ces albums ! J’avais envie d’ouvrir les portes d’un milieu où l’on voudrait m’accueillir par la qualité de ma musique, par pour d’autres raisons.» Plus tard, mais dans un autre registre, le Cirque du Soleil lui a proposé un job fixe à Las Vegas. Difficile décision, elle a fini par dire non, merci. Et de poursuivre sa carrière personnelle à la tête de formations diverses.

La totalité des musiques jouées par Nesrine Belmokh est originale à une exception près : le morceau « Vitamin C » du groupe Can (dont elle n’a pas pu chanter les paroles, pour des raisons contractuelles). Elle n’interprète pas les autres, mais écoute beaucoup de musiques : « Je suis complètement fan de nu soul, J’aime Erykah Badu, Laureen Hill, D’Angelo, Maxwell, Bilal…  Dernièrement, j’ai beaucoup écouté Anderson Paak… et j’ai adoré le dernier spectacle de David Byrne. Tout en digital, sans le moindre câble sur scène. J’aime aussi voir des filles seules, en live : Silvia Pérez Cruz, Lianne La Havas… avec juste une guitare, leur voix et leurs émotions. »

La violoncelliste Nesrine Belmokh fut l’une des plus surprenantes apparitions  de l’automne 2019. Puis, son premier album, Nes, l’une des rares consolations musicales pendant les plus sinistres moments d’une année 2020, particulièrement funeste pour les libertés. Ensuite paru Nesrine (2021), sorte d’autoportrait dans une ambiance délétère… qui dessinait le début d’une espérance. A présent, Kan Ya Makan (« Il était une fois »), dont le répertoire sera bientôt exposé sur scène à Paris et ailleurs, consolide la voie ouverte par cette singulière musicienne d’origine algérienne et musicalement éduquée en France.

Entre sortilèges et clin d’oeil aux couples affranchis, Nesrine se voudrait une artiste toujours optimiste ;  et elle le chante ainsi : « peut être au bout de cette nuit sans fin, une lueur éclaire le chemin vers demain ». Inch Allah !

NESRINE BELMOKH

Kan Ya Makan
(ACT)

 

 

 

 

En concert

12 juin : Paris, New Morning (Saazbuzz Festival)

28 juin : (invitée du groupe IAM), Marseille

2 juillet : Luchon, Cosmo Jazz Expérience 

23 juillet : Chamonix, Cosmo Jazz Festival 

26 juillet : Bourg en Bresse, Festival à la Folie Pas du Tout