Le retour du troubadour brésilien
Au début du siècle, le chanteur de Pernambuco était devenu l’artiste brésilien le plus sollicité en France. Ce fils d’ancien communiste, rocker de son pays, compositeur de l’hymne de l’Année du Brésil 2005, revient pour un concert en compagnie du Spok Frevo Orchestra, au Théâtre du Châtelet.
PAR FRANCISCO CRUZ
« La musique est le plus bel espéranto que nous avons pour communiquer »
Au-devant de la scène brésilienne depuis la sortie de son premier album Olho de Peixe, Lenine reconnaît volontiers que la situation musicale aujourd’hui est plus complexe. Jamais auparavant, au Brésil, ne s’était produit une telle ébullition culturelle. « Chaque semaine apparaît un nouvel interprète, un nouveau compositeur, un nouveau groupe, et même les médias n’ont pas le temps de rendre compte de cette prolifération ». Et quand on l’interroge sur les raisons de ce boom musical, il tente une hypothèse « probablement génétique. Ou une meilleure oxygénation du cerveau. Par notre passé multiracial et notre position géographique, il est naturel que notre musique soit métisse, plurielle, et que les musiciens aient l’envie d’aller toujours plus loin ».
Troubadour contemporain et planétaire, Lenine pense qu’il y a des sentiments et des inquiétudes communes aux différents publics qu’il rencontre à travers le monde. Que « malgré les différences de langue, de religion, de traditions culturelles, il est possible de penser de façon similaire ou analogue, d’avoir une vision de monde qui se ressemble. La musique est le plus bel espéranto que nous avons pour communiquer. Je parle portugais, mais je peux communiquer grâce à la musique avec un type d’Ukraine ou une fille de Madagascar ».
Dans ce monde de valeurs éphémères et de violence gratuite, il est très inquiet pour l’absence de tolérance.« Quel monde allons nous laisser à nos enfants ! » Néanmoins, il n’est pas pessimiste : « Je pense qu’il y a une troisième onde, un troisième cercle de gens qui pensent comme vous et moi. Ceux qui désirent et font le possible pour transformer cette planète en un monde meilleur. Ceux qui ne pensent pas à la rentabilité immédiate, mais plantent un avocat pour les enfants qui vont manger ses fruits dans quarante ans. Ça nourrit l’espérance ».
Ses concerts en France sont marqués par un retour futuriste à ses origines musicales : le frevo du nord-est brésilien, un genre musical carnavalesque et une danse qui identifie la région de Recife. En compagnie de l’explosif Spok Frevo Orchestra.
En concert
Le 15 à Toulouse (festival Rio Loco), le 16 juin à Paris/Théâtre du Châtelet
A ECOUTER
Lenine em Transito (2018)
In Cité, BMG Brasil (2004)
Falange Canibal, BMG (2002)