PAR ROMAIN GROSMAN
A un peu moins de trente ans, Christian Sands est l’un des pianistes les plus sollicités de la scène jazz : Gregory Porter, Christian McBride ont fait appel à lui. Ici en trio, avec ses comparses Yasushi Nakamura (basse) et Jerome Jennings (batterie), on saisit le pourquoi de sa côte dans le jazz actuel. Son jeu moderne repose sur un sens du groove profond, des ruptures rythmiques qui contrastent avec un lyrisme contenu. Pas d’épanchements, une expression dense mais déliée, Christian Sands a du style, ce qui n’est pas rien. « Rebel Music » (le titre de l’une de ses compositions) ? Peut-être pas, mais contemporaine et ancrée dans la tradition à la fois, l’esthétique de ce groupe bénéficie aussi des renforts du saxophoniste Marcus Strickland et du trompettiste Keyon Harrold. La réécriture très réussie du « Yesterday » des Beatles, séquencée, cadencée, sans rien perdre de sa musicalité, illustre parfaitement ce subtil équilibre et la palette du leader qui passe des rythmes latins (« Sangueo Soul ») au blues, au reggae (« Sunday Mornings ») en gardant son originalité, renforcent le sentiment de tenir là un (jeune) musicien à suivre.
CHRISTIAN SANDS
Facing Dragons
(Mack Avenue)
JAZZ
4/5