LEELA JAMES – « SEE ME »

Sans coups d’éclat, avec une constance méritoire, portée par la vague neo-soul des années 2000 la chanteuse n’a pas variée de cap, même quand la production et la programmation de la sono mondiale ont tourné le dos aux expressions authentiques pour privilégier une prêt-à-écouter (consommer) facile, factice, dupliquable et jetable. See Me, son nouvel enregistrement, résiste à la vacuité actuelle en gardant le cap d’une soul authentique.

PAR ROMAIN GROSMAN

Il faut (re) dire le cran des chanteurs-(ses) de cette génération apparus à l’orée des années 2000, restés fidèles à cette real soul – voix et son organiques -, qui ne se sont jamais reniés malgré l’air du temps davantage enclin à promouvoir l’auto-tune, les boucles synthétiques, les formules répétées. Biberonnée au gospel – c’est là que tout à commencer pour la native de Los Angeles -, admiratrice d’Aretha Franklin, des Mighty Clouds of Joy, des Staples ou d’Al Green, de Chaka Khan avec qui elle vient de partager la scène, Leela James « The Goddaughter of Soul » est l’une rares voix d’aujourd’hui à s’inscrire encore dans cet héritage avec Ledisi, Angie Stone, Lalah Hathaway. Son timbre écorché, la distingue de ses pairs, la rapproche d’une Etta James à qui elle rendait hommage en 2012 (l’album Loving You More… In The Spirit Of Etta James) tout en restant dans un sillon contemporain.
See Me, nommé aux prochains Grammys, s’inscrit dans une discographie presque militante à force d’incarner un héritage assumé, où l’interprétation, puissante, n’a pas besoin de gimmicks, de racolage.

Leela James, sur des thèmes qui font parfois écho à Curtis Mayfield, à Marvin Gaye, aux Temptations époque Norman Whitfield, d’autres fois à un style plus actuel, a aussi le bon goût de conclure cette session sur un air plus solaire « Rise N Shine »…

LEELA JAMES
See Me
(BMG)