BALLAKÉ SISSOKO – « DJOUROU»

CORDES SENSIBLES

PAR FRANCISCO CRUZ   PHOTO BRUNO COLACO

Remarquable instrumentiste, le virtuose malien de la kora et musicien majeur dans son pays, atteint enfin la reconnaissance internationale qu’il mérite. Après trois décennies de musique et deux albums brillants en duo avec le violoncelliste Vincent Segal, Ballaké Sissoko signe Djourou, son troisième album en leader. Événement.

Cet album sonne comme une poésie et une prière qui invoqueraient la résilience, la tendresse, la solidarité, l’amour. Formidable accord de résistance face à des autorités qui empêchent les artistes de se produire et de communier avec le public, l’album de Ballaké Sissoko est une scène ouverte aux musiques du monde. Le maître koraïste invite la chanson intelligente de Camille («Kora»), le néo-folk onirique de Piers Faccini («Kadidja»), la parole sage de Salif Keita («Guelen»), le slam profond d’Oxmo Puccino («Frotter Les Mains»), la polyphonie de cordes (vocales et de kora) de sa consœur Sona Jobarteh («Djourou»); toujours avec la précieuse complicité de son alter ego Vincent Segal.

La corde (djourou) de Ballaké – «celle qui me relie aux autres» -, se transforme ici en célébration de l’esprit humain qui invite à chanter et à danser pour honorer la vie. Camille, pour qui «le son de la kora, c’est comme de l’eau qui ruisselle», lui offre une lettre d’amour. Oxmo Puccino trouve un point de communion dans «la voix de notre corps, nos mains. Je suis issu d’une lignée de forgerons, Ballaké d’une énième génération de joueurs de kora». Désormais, Ballaké Sissoko invente «Un Vêtement Pour La Lune», en compagnie de Feu! Chatterton, et libère un «Jeu sur la Symphonie Fantastique», avec Vincent Segal et Patrick Messina (première clarinette de l’Orchestre National de Radio France). La vie s’anime, aucun décret pourra l’interdire.

BALLAKÉ SISSOKO
Djourou
(No Format/Pias/Idol)