ANDREW CYRILLE QUARTET – THE NEWS

DES NOUVELLES… BONNES NOUVELLES

PAR CHRISTIAN LARRÈDE   PHOTO  MAREK LAZARSKI

Cinq années après le coup d’essai d’un quatuor (The Declaration of Musical Independance) comme une proclamation esthétique s’appuyant sur ses connaissances harmoniques, et les trois lustres passés au côté du pianiste Cecil Taylor, le batteur de Brooklyn ressort du placard un concept qui avait séduit la jazzosphère par sa science de la nuance enténébrée.

Andrew Cyrille est désormais âgé de 81 ans. Mais il goûte toujours les aventures, comme celle de rappeler en studio le guitariste Bill Frisell (ici fournisseur de trois partitions, mais chacun apporte son écot au programme, y compris la reprise d’une pièce du pianiste d’avant-garde Steve Colson) et le contrebassiste Ben Street, et d’y adjoindre le claviériste new-yorkais d’origine cubaine David Virelles et son lyrisme quiet (le pianiste et ami de longue date Richard Teitelbaum est décédé en 2020). Andrew Cyrille n’a pas perdu le goût du ludique, non plus, contraignant parfois son jeu au statut de murmure évanescent (le chant des balais caressant un… journal posé sur les peaux).

Pour finir, Andrew Cyrille aime manifestement prendre son temps, développant une inspiration ample et méditative, et prônant auprès de ses compagnons un sage partage de l’espace sonore : piano et guitare se percutent rarement, préférant œuvrer dans la complémentarité plutôt que dans l’antagonisme. L’album s’achève par une ode à un être cher (« With You In Mind ») qui résume parfaitement les contours d’une session et d’une inspiration affectueuses. Ici, la musique est brillante, sinon urgente, et elle fait sienne la sentence de Jacques Tati : « trop de couleurs distrait le spectateur ».

ANDREW CYRILLE QUARTET
The News
(Ecm)