OCEAN’S ONE
PAR CHRISTIAN LARRÈDE
Comment faire du neuf avec le vieux Frank Sinatra ? La réponse fuse : on ne peut pas. Mais rien n’empêche de tenter de faire de l’immortel.
Á peine trentenaire, Steven Jezo-Vannier est l’auteur prolifique d’une dizaine d’ouvrages sur l’Amérique, les coulisses et autres recoins de l’Amérique (dont, en 2010 et chez le même éditeur, le salué San Francisco, L’Utopie Libertaire Des Sixties). Aujourd’hui, il entame crânement l’ascension d’un pic, d’une éminence (d’où les 600 grammes de texte de l’ouvrage), en la personne de Francis Albert Sinatra, hâtivement étiqueté chanteur et acteur instinctif (le talent sans travail n’est qu’une sale manie, comme le chantait Brassens). Face à pareil ouvrage, on attend, bien plus que les angles inédits inimaginables (la mafia, les drogues, les femmes, d’autres turpitudes encore…), une façon particulière de nous tenir la main le long de la saga de cet enfant du siècle (dernier). Le pari est remporté haut la main, grâce aux contraintes de la collection qui imposent à l’auteur de se recentrer sur l’essentiel, à savoir la musique. Saviez-vous que Sinatra professait quelques jugements définitifs sur ses producteurs (« ce stupide bâtard m’a parié deux dollars que ce serait un bide ») ? Ou que le chanteur avait assumé 24 sessions d’enregistrement en 1947 ? À franchement parler, nous non plus, et c’est ce qui fait la saveur d’une nouvelle visite de cette mythologie américaine.
STEVEN JEZO-VANNIER
Frank Sinatra Une Mythologie Américaine
Editions Le Mot et Le Reste, 528 pages, 29 euros