WE LOVE GREEN

CHLOROPHYLLE

PAR ROMAIN GROSMAN

Dans une programmation qui naviguait entre pop (Juliette Armanet, Angèle, Charlotte Gainsbourg…) et hip hop (Migos, Tyler The Creator, The Internet…), le dimanche, sous le soleil, a fait le yo-yo entre moments décevants et semi-réussites. Rien de mémorable, avouons-le, sur le plan artistique, heureusement, le cadre, l’ambiance décontractée, de ce rendez-vous qui marque dorénavant le début de la saison festivalière en région parisienne est toujours aussi cool.

Si IAMDDB a défendu son urban jazz – elle est fille d’un saxophoniste -, on a surtout entendu le versant urban, moins la note jazz. Mais « Shade », le hit vaguement trap-neo-soul de la jeune anglaise est hypnotique, irrésistible. « Take drugs responsively, and eat a lot of pussies » a conclu la miss, en guise de conseil. THE INTERNET a le mérite de défendre son r’n’b acidulé avec un groupe gentiment funky, bon esprit, mais sans trop transpirer non plus. Service minimum.

Sur scène, BJÖRK est bien plus que l’interprète d’Utopia, son dernier projet, manifeste pour des temps meilleurs, une harmonie avec la nature qu’évoque un plateau verdoyant, où des flûtistes accompagnent la chanteuse déguisée en elfe. Las, comme depuis plusieurs albums déjà, la petite islandaise en oublie un peu la musique, déambulant avec poésie et conviction dans son éden, sur les boucles répétitives d’une bande son ambient évanescente. Où l’absence de mélodies finit par transformer ce paradis imaginaire en un gentil mais ennuyeux décorum désincarné…

Moins d’utopie, quoique, chez Tyler The Creator. Le rapper, revêtu d’une étrange tenue, gilet-bermuda, de travailleur de chantier (avec bandes réfléchissantes), fait le taf, habite totalement ses thèmes softs ou rough, assumant ses multiples personnalités et jamais à moitié, au plus grand plaisir d’un public, jeune, et totalement en phase.