ROCK EN SEINE 2025 

Certains festivals défendent l’idée d’un engagement éco-responsable, d’autres s’engagent dans la recherche pour le Sida, Rock en Seine a eu, cette année, une image de festival révolté, politisé et solidaire pour la Palestine. Une identité dont il ne peut qu’être extrêmement fier.

PAR LUNA CRUZ

L’édition de cette année a fait déjà couler beaucoup d’encre, et de nombreux médias se sont permis de critiquer différents aspects du festival. Pour les puristes de musique, il a été avancé l’argument ( pas vraiment original ni novateur ) de ne pas être un festival assez rock comme son nom l’indique. Il est évident que les porteurs de cette critique ne sont pas venus prêter une oreille attentive et curieuse dès les premières heures de l’après-midi sur ces cinq jours de festival. Et pourtant.

De toute évidence, les groupes de rock moins connus, qui figurent en lettres plus petites dans le line-up de la programmation sont, en sa grande majorité, bien des groupes de rock. Il est important de féliciter ces artistes qui se sont produits devant des foules, certes moins géantes que celle de la Grande Scène, mais qui ont su insuffler une énergie incroyable à leurs spectateurs, laissant sans doute à tous un excellent souvenir de leur concert. 

On a eu la joie de découvrir des groupes comme Good Neighbors, He’s not, Max Baby, Kids Return qui ont su donner une énergie rock, parfois dès les premières heures de l’après-midi, et méritent d’être nommés autant que les autres. Ces concerts qui ont lieu sur des scènes plus modestes sont parfois aussi des plus mémorables et donnent une pêche qui emportent les spectateur(ice)s jusqu’à la fin des concerts de la nuit. D’autres artistes, certes moins rock, ont su donner des couleurs musicales étonnantes à cette édition au plus grand plaisir des spectateurs, qui se délectent bien évidemment d’une programmation éclectique parfois plus pop, jazz ou électronique. Ainsi des artistes comme Jorja Smith, Aurora, Marc Rebillet, Jamie XX, Justice ou encore de Dabeull Live Band – probablement le concert le plus réjouissant et le plus dansant du samedi – ont tout à fait su trouver leur place.

Cette édition a également été critiquée pour son engagement politique assumé contre le génocide de Gaza orchestré par l’État criminel d’Israël. Rien de plus ridicule et de plus révoltant quand on pense à ce qui se passe à quelques milliers de kilomètres de l’Europe. Cet engagement du groupe Kneecap a finalement payé, puisque une foule immense a assisté à leur concert et une majorité écrasante des artistes, des plus connus aux moins connus, ont salué le groupe ainsi que l’organisation du festival de ne pas avoir cédé aux pressions et au retrait scandaleux des subventions auxquelles ils avaient droit. En effet, on a entendu de nombreux artistes utiliser leur voix et leur temps de scène pour féliciter cet engagement et se lamenter de la lâcheté des pouvoirs publics : de l’artiste Calling Marian à Aurora et Fontaines D.C, le sujet n’est pas passé inaperçu, bien au contraire.

La journée du dimanche a été, probablement, la plus remplie de toutes, car le retrait des subventions ayant été annoncé, beaucoup se sont joint à la fête en soutien à l’organisation du festival. Au final, toute cette polémique, même si elle a été sans aucun doute financièrement très dure à gérer pour le festival, lui a donné une identité forte et politisée tout à fait bienvenue. Certains festivals défendent l’idée d’un engagement éco-responsable, d’autres s’engagent dans la recherche pour le Sida, Rock en Seine a eu, cette année, une image de festival révolté, politisé et solidaire pour la Palestine. Une identité dont il ne peut qu’être extrêmement fier. Celle d’avoir simplement su garder une attitude décente, morale et solidaire face à ce qui est sans conteste l’un des génocides le plus dévastateurs de notre siècle. Ceux qui ont retirés leur subventions, et nos politiques lâches, ne pourront pas toujours faire taire les artistes qui ont montré ici, une fois encore, que tout est politique, leur présence et leur voix aussi !