ON NE SE GONDOLE PAS
PAR CHRISTIAN LARRÈDE
Dans une caravane s’ébat la famille Chamodot : le père (incarné par Benoît Poolvorde, cinquième film en six mois) vend des serrures au porte à porte, la mère tente d’écouler des produits bios, et le fils, préadolescent teint en blond par ses parents parce que « cela fait plus beau », est touché en plein cœur par l’amour. La randonnée transalpine peut débuter.
Adapté du roman du metteur-en-scène en personne, et empruntant son titre à l’un des derniers succès de Serge Reggiani (1977), Venise….peut laisser accroire à un nouvel épisode de comédie populaire et initiatique. Malheureusement, aux pauvres l’amour de la famille et la solidarité, aux riches le mépris et l’arrogance : cette supposée franche rigolade autoroutière à fond les ballons (le jeune garçon tente de retrouver son amoureuse quelque part du côté du Palais des Doges) développe un nuancier en béton armé, et autres clins d’yeux (Little Miss Sunshine) dont elle ne sort pas grandie. Poolvorde et Valérie Bonneton (la maman) font preuve d’un indiscutable abattage, mais se heurtent au plafond de verre d’un scénario s’essoufflant minute après minute. En de très rares instants, la loufoquerie finit par emporter l’adhésion. Mais, loin des rires espérés, c’est l’ennui qui s’impose en suintant de situations abracadantesques et de personnages caricaturaux. Pis, l’inculture du père, et sa personnalité vaguement libidineuse, et le formatage absurde de la mère (point de salut hors des gâteaux aux carottes), mais également leur méchanceté, peuvent in fine conduire à emprunter à La Traversée de Paris, et s’exclamer : « salauds de pauvres ! »
VENISE N’EST PAS EN ITALIE
d’ Ivan Calbérac