LIVING IN AMERIKKKA
Les attentes étaient énormes. Et le résultat est là ! La nouvelle comédie grinçante de Spike Lee est à la hauteur et ne cède pas à la facilité. C’est mordant, drôle mais toujours intelligemment sarcastique.
PAR LUNA CRUZ
L’histoire n’est pas banale : celle de Ron (John David Washington, fils de Denzel), un policier noir qui infiltre le Ku Klux Klan avec l’aide de son coéquipier blanc, Philip (Adam Driver) pour en dénoncer les exactions. Le premier gère les relations avec l’ « Organisation » depuis son combiné, le second, les rendez-vous en tête à tête avec ses membres. Les discours racistes du Klan sont stupides et immoraux mais terriblement d’actualité. Le film fait rire donc, mais rire jaune. Ces propos trouvent une résonnance particulière dans le contexte actuel. La mise en scène drolatique et les clins d’œil aux saillies tristement fameuses du Président Trump sont là pour le rappeler.
L’autre force du film est de ne jamais défendre aveuglément une cause. En choisissant le destin de ce protagoniste qui devint le premier officier afro américain du Colorado Springs Police Department, au début des années soixante-dix, en pleine lutte pour les droits civiques, et une figure de la loi réprouvée et stigmatisée par les défenseurs de la cause noire, Spike Lee montre les limites de la radicalité de certains mouvements d’opposition. La violence n’est jamais la bonne option.
L’épilogue est lui plus glacial : les images des défilés de suprémacistes à Charlottesville et celles des pacifistes chargées par une voiture bélier lors du défilé antiraciste, en août 2017, clôturent le film sans autre commentaire, comme pour ramener le spectateur à la réalité de son propos.
BLACKKKLANSMAN
-J’AI INFILTRÉ LE KU KLUX KLAN-
de Spike Lee