les pendules a l’HEURE
PAR CHRISTIAN LARREDE
Lorsqu’en 1997 l’Irlandais enregistre ce 26ème album, il n’a pas la mémoire qui flanche, enregistrant durant la décennie en question une palanquée de standards de jazz (et un album entier en hommage au bluesman blanc Mose Allison).
En revanche, son inspiration en matière de répertoire original s’avère quelque peu balbutiante, avec, de Too Long In Exile (1993) à How Long… (1996) des albums aussi amers que dispensables. The Healing Game et ses dix partitions en propre remettent les pendules à l’heure : plus que la fidélité octroyée à ses compagnons (le claviériste et choriste Georgie Fame, Pee Wee Ellis au saxophone, ou Brian Kennedy, doublant systématiquement la voix du patron tout du long), c’est grâce à la joie retrouvée (de composer et de chanter) que le disque impressionne. Morrison y redevient l’empereur d’un improbable mix de soul, rhythm and blues et rock (avec des bouts de doo-woop dedans), cool, mais pas nonchalant. 22 ans plus tard, on rend grâce à cette session de la renaissance, avec une édition en trois volets. Le premier disque accueille l’album original (non remasterisé) et une pincée de bonus tracks captées sur quelques scènes de Dublin. Le deuxième chapitre distille quelques mignardises, tels de sympathiques duos avec John Lee Hooker, Lonnie Donegan ou Carl Perkins. Mais c’est le dernier disque qui retiendra l’attention, avec la restitution d’un concert à Montreux (1997), ou l’homme le plus bougon de la scène rock contemporaine, surfant sur le catalogue de l’album, quelques-uns de ses incunables (« Tupelo Honey ») ou des standards de Ray Charles et Sly Stone, revient vers nous dans la fougue et la maîtrise absolue de son art.
VAN MORRISON
The Healing Game (Deluxe Edition)
(Sony Music)
Soul-jAZz