HAPPY GOODYEAR
PAR CHRISTIAN LARREDE
Le duo a quitté depuis une décennie leur cité natale d’Akron (royaume du pneumatique) pour Nashville (empire de la country). Mais cela ne se ressent pas vraiment dans ce neuvième album studio, tant Let’s Rock suinte à chaque mesure le rock primitif qui sied à merveille aux usines Goodyear.
On peut en effet raisonnablement invoquer un retour aux sources, tant depuis cinq ans, Patrick Carney (c’est le batteur) s’est avec application consacré à la production, et Dan Auerbach (il joue de la guitare) à un projet solo, ainsi qu’à son nouveau groupe the Arcs, sans trop s’éloigner de leurs fondamentaux. Ainsi, sans l’adjonction du producteur coutumier Danger Mouse, mais avec le simple concours d’un couple de choristes (et de tout ce que la technologie d’un studio autorise en matière d’overdubs), le groupe décide d’offrir la part belle à la guitare (les riffs de guitare, les soli de guitare, les différents sons répertoriés de guitare…), et, générateur électrique vent en poupe, de démontrer que la simplicité reste le plus court chemin vers une bonne chanson. Caressant le sentiment de nostalgie qui étreint tout auditeur dans le sens du poil, la paire distille des textes doux-amers (ou franchement ironiques) et, surtout, indique que The Black Keys restent vibratile et roboratif, se nourrissant de leurs acquis stylistiques, mais également de leurs aventures récentes les plus intimes. Quelque part entre un rock âpre et sans concessions, un vrai talent de pop singers, du boogie glam que n’aurait pas réfuté Marc Bolan, et l’acceptation revendiquée d’une musique joufflue et tonique, Let’s Rock pourra réconcilier avec le rock, rassurer quant à la pérennité de cette musique, ou, plus modestement, faire passer un bon moment.
THE BLACK KEYS
Let’s Rock
(Easy Eye Sound/Nonesuch Records))
ROCK