PAR ROMAIN GROSMAN
En quoi consistait « ce retour aux bases » annoncé dès le titre de cet album (BTTB), par le musicien japonais en 1998 réédité aujourd’hui ? En une suite de thèmes courts, joués au piano, surtout – mais aussi à la guimbarde, entre autres instruments acoustiques – où l’on croise les figures tutélaires de Debussy, Satie, Bach, John Cage, d’un classicisme détourné de son chemin par un impressionisme naïf et presqu’enfantin.
Univers savant, qui regarde autant du côté des grands créateurs, qu’il se projette dans un futur ludique, subtil et chercheur, avec un enthousiasme égal, BTTB saisit le compositeur Sakamoto à la croisée des chemins, synthétise des inspirations qui ailleurs seraient disparates, mais qui, chez cet artiste curieux s’allient sans anicroches. La mélodie prime, souvent nue, offerte, explique l’acronyme BTTB. Mais ne résume pas les velléités d’un compositeur curieux d’unir en un tout cohérent, universel, l’esprit humain dans ce qu’il a de plus sophistiqué, et l’immédiateté d’airs universels. Vingt ans plus tard, on comprend pourquoi ce bijou de musicalité fut un moment marquant dans la carrière pourtant pleine de rebonds de Sakamoto, touche-à-tout de génie (rock, house, rap, bossa, électro, pop), mais ici recentré sur une forme poétique et limpide.
RYUICHI SAKAMOTO
BTTB
CLASSIQUE POP