JE T’AIME, MOI AUSSI
PAR CHRISTIAN LARRÈDE
Le contrebassiste emblématique de la scène israélienne consacre le deuxième album vibratile de son quintet à une ville séduisante et terrifiante : tout le paradoxe d’une vraie histoire d’amour.
L’agencement fraternel de Qantar (le batteur Ofri Nehemya, Asaf Yuria et Alexander Levin aux deux saxophones, et le pianiste Eden Ladin le bien prénommé) offre bien davantage qu’un rassemblement de musiciens talentueux, ou un quintet compétent. On a ici droit à une osmose, et une complémentarité, comme on en souhaiterait à tous les ensembles actuels : sans affèterie, indolent si nécessaire, mais toujours pertinent. Enregistrée à Brooklyn, cette diaspora dont il est depuis près de trente ans le parrain exsude énergie, tension nerveuse et complémentarité. Cette deuxième session du groupe confirme la prolixité, la verve sans faille et la joie de jouer initiées par son leader. Chaque partition réserve ici son lot de surprises, et un caractère incisif qui rend cette musique éminemment vivante. Et les huit thèmes, ancrés dans une tradition sans cesse renouvelée, confortent l’idée d’une profonde amitié, et d’une approche familiale de la musique, confortée par un élément essentiel : ces garçons jouent ensemble sur scène depuis trois ans, ce qui a permis l’empathie et la télépathie nécessaires à toute création, comme allant de soi. D’un blues en mineur (le conclusif « Bushwick After Dark ») à un thème tout en tendresse (« Zohar Smiles », dédié au rejeton du contrebassiste), en passant par une valse sur la pointe des pieds (« C’Est Clair »), New York Paradox enthousiasmera les laudateurs d’un jazz ancré dans son époque, et d’un humanisme sans trêve.
OMER AVITAL QANTAR
New-York Paradox
(Jazz&People/Zamzama Records)
JAZZ