SPIRALE ASCENDANTE
PAR FRANCISCO CRUZ
La jeune saxophoniste chilienne, installée à New York depuis une dizaine d’années, présente un nouvel album inspiré par la vie et l’œuvre de la célèbre artiste mexicaine Frida Khalo.
Un univers musical habité de résonances magiques, sentiments adultes et souvenirs d’enfance. Les « visions » de Melissa Aldana ne sont pas exactement des phénomènes paranormaux – même si dans la construction et l’exécution des pièces, l’intuition joue un rôle aussi essentiel que l’improvisation -, mais diverses façons d’appréhender et d’interpréter des moments et des expériences de la vie intime. Visions marque le présent (et rend davantage cohérent le passé) très inspiré de la native de Santiago, comme un accomplissement de toutes les promesses artistiques que déjà adolescente elle incarnait lors de soirées interminables dans les clubs de jazz de cette métropole à peine sortie du cauchemar dictatorial. Car depuis sa migration à Boston (Berklee College of Music), la saxophoniste ténor n’a eu de cesse d’évoluer dans une spirale ascendante, où se succèdent prix internationaux, albums encensés, featurings prestigieux, tournées mondiales. Sa récente participation au projet « Ladies » – avec Cécile McLorin, Ingrid Jensen, Anat Cohen, Renée Rosnes – a été un autre pas en avant dans la maturation de son projet personnel. Cette fois, en compagnie de son trio de base (amplifié d’un vibraphone), Melissa Aldana explore des nouveaux territoires musicaux avec une fidélité exquise à la plus brillante tradition du jazz acoustique. Comme beaucoup des musiciens américains, elle est cet été en tournée européenne – Espagne, Portugal, Angleterre, Hollande -, mais pas invitée en France. Dommage.
MELISSA ALDANA
Visions
(Motema)
JAZZ