FIEVRE, RAGE ET (DES)ESPOIR
PAR CHRISTIAN LARRÈDE
Roberto a son rond de serviette par chez nous. Car on ne peut impunément depuis 9 lustres faire sauter d’enthousiasme sur les tables, ou provoquer quelques larmes, sans intégrer la famille. Continuité électrique donc, avec un album (le 24ème ?) enregistré à Rouen en compagnie de Gilles Mallet (guitare) ou de Mickey Blow à l’harmonica. Et de beaucoup d’espoir.
En neuf partitions originales et quatre reprises (dont un « Il Bello de la Vita » en italien dans le texte, et en hommage à la tendre Mimie, compagne disparue), Mister Piazza répond à une simple question : peut-on être après avoir été (très malheureux) ? L’argumentaire se construit autour de cet hymne des partisans et résistants italiens (« Belle Ciao ») en hommage à son anarchiste de père, et de quelques autres ombres surgies du passé : Mimie encore, et ce « Made For Me » comme un hymne pour pub irlandais, des amours plus circonstancielles (« Long Legs »), ou le salut aux compagnons de jadis (« Looking For Guy-Georges », en hommage au guitariste emblématique de la Story Guy-Georges Grémy, depuis disparu des radars). Au chapitre des reprises, le chanteur n’a pas perdu son goût sûr au fil des années, avec des visites du répertoire de l’Humble Pie de Steve Marriott, ou des Kinks (« Where Have All The Good Times Gone ? »). Mais c’est naturellement le cœur de cette légende du rock français, sa fièvre, et sa rage, qui mènent le bal de « We Need Hope ». Encore une fois, il nous offre sa vie, et nous sommes plus vivants.
À bientôt 76 ans, était-il pour lui raisonnable d’enregistrer ce disque ? Cela tombe bien : Little Bob n’est pas raisonnable.
LITTLE BOB BLUES BASTARDS
We Need Hope
(Verycords)
ROCK