PAR CHRISTIAN LARREDE
Jumelles argentines, multi-instrumentistes et écologistes (l’intitulé ironique de ce quatrième album), les sœurs Caronni ont mis en disque et depuis une huitaine d’années leur pays au mitan d’une world music dégagée de l’influence stricte du tango, car ouverte à la musique classique (Bach), et à la musique savante européenne (en particulier Maurice Ravel, dont on cite ici le Daphnis Et Chloé, ou Debussy et ses Arabesques).
Sans omettre la révérence gardée aux grands anciens (Astor Piazzolla), la musique baroque de Marin Marais, les partitions de Nino Rota pour le compte des films de Fellini, ou des expressions nettement populaires, comme la milonga chère aux gauchos de la pampa. La violoncelliste (c’est Laura) et la clarinettiste (c’est Gianna) agrémentent ce joyeux carrousel de rencontres de circonstance. Avec le percussionniste Minino Garay ou le chanteur anglo-italien Piers Faccini, venu poser son chant de velours à deux reprises, sur une évocation d’Ezra Pound, ainsi que dans une envolée poétique, et météorologico-amoureuse. Mais l’inclinaison la plus sensible de l’album se fait naturellement vers le jazz, grâce à la présence, également à deux reprises, de la trompette d’Erik Truffaz. L’artiste suisse adjoint la strate feutrée de son instrument à ces musiques, tour à tour de combat ou de mélancolie, mais toujours vibratiles.
LAS HERMANAS CARONNI
Santa Plástica
(Label les Grands Fleuves/L’Autre Distribution)
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