UN JARRETT BIEN TEMPÉRÉ
PAR CHRISTIAN LARREDE
En février 1987, Keith Jarrett approchait en studio, au clavier d’un Steinway, en lever de rideau d’une série d’enregistrements consacrée au compositeur allemand, et dans une philosophie de retenue absolue, ce Clavier Bien Tempéré, deux livres de 24 préludes et fugues en mineur et majeur de Jean-Sébastien Bach, initialement composé pour le clavecin…
Un mois plus tard, le pianiste américain, malgré le syndrome d’extrême fatigue dont il souffre, se produit dans un semblable programme à Troy (État de New-York), une salle dont l’acoustique avait eu l’heur de séduire le musicien. Réfutant à longueur d’interview toute notion de couleur dans l’approche de l’œuvre, l’Américain a préféré ici s’attacher au processus de pensée de Bach, et, donc, ne pas imposer son propre lyrisme. Même dans le contexte plus électrique d’un concert, et de la rencontre avec une audience qu’il implique, il est troublant de constater que piano et pianiste, tant dans le phrasé et les articulations, et dans la recherche de cette transparence unissant œuvre et public, souhaitent se cantonner au rôle de média de la composition. Jazzman reconnu dans sa capacité d’improvisateur, Keith Jarrett rejoint ici au zénith l’immense compositeur, mais également improvisateur, qu’est Bach. Et fait de ce disque un élément indispensable de toute discothèque.
KEITH JARRETT
The Well-Tempered Clavier Book 1
(Ecm)
CLASSIQUE