REFORMATION DE LIGUE DISSOUTE
PAR CHRISTIAN LARREDE
Éternel retour, puisque cet album sanctionne le premier enregistrement (in memoriam Beyond, 2000) de cet ensemble dirigé par le saxophoniste ténor depuis près de vingt années.
Le contrebassiste Reuben Rogers, Gregory Hutchinson à la batterie, et le piano d’Aaron Goldberg se sont donc ici réunis autour de sept partitions de leur leader, et c’est le moins lorsque Redman souligne à longueur de colonne l’empathie, et « cette sorte de camaraderie faite d’amitié, d’amour sincère et de compréhension des uns envers les autres » qui unissent les quatre musiciens. Et c’est effectivement dans ces démarches et appréciation que résident la qualité et les limites de l’exercice. Après une évocation tendue et vibratile de l’univers de Dewey Redman par le saxophoniste (Still Dreaming, 2018), le quartet opte en effet pour une atmosphère décontractée, dans un manifeste registre de réunion entre vieux copains. Cela autorise naturellement une capacité extrême aux répons, servie par l’évidente virtuosité des musiciens. Partant, l’ensemble reste balisé, et sans grande audace, que ce soit dans la fugace évocation de l’univers de la musique klezmer, ou le lyrisme inhérent au jeu du leader, qui n’hésite pas à parfois s’abstraire dans le silence. Ces quelques réserves formelles exceptées, la dimension poétique de ce quartet reste assurément sans pareille dans le jazz contemporain.
JOSHUA REDMAN QUARTET
Come What May
(Nonesuch Records)
JAZZ
4/5