LIVRAISON À DOMICILE

PAR CHRISTIAN LARREDE

Le premier octobre 1969, le « Godfather of Soul » se produisait au Bell Auditorium d’Augusta. La prestation fut enregistrée, car clairement destinée à l’édition d’un album live. Mais le départ massif des musiciens accompagnant le chanteur contrecarra l’entreprise.

Moins d’une année plus tard, sortit le légendaire double album Sex Machine, en partie alimenté par quelques prises du concert qui nous occupe ici. Mais c’est donc la toute première fois (en célébration de son cinquantième anniversaire) que la soirée est présentée dans l’intégralité de ses 15 titres et autres monologues divers, servis par un casting de luxe (Fred Wesley, Maceo Parker… ) qui allait quelques semaines plus tard se dissoudre dans l’éther. Live At Home… constitue donc un document double, sur l’un des meilleurs orchestres dont ait pu bénéficier James Brown, et sur la manière dont pouvait sonner le groupe dans la décontraction d’un concert à la maison, dénué de pression face à une audience acquise à la cause de l’artiste. Certes, la sélection inclut quelques bizarreries dispensables (une version de « World » manifestement interprétée avec un apport conséquent du play-back, le patron se prenant en outre les pieds dans le contresens stylistique en roucoulant dans « If I Ruled the World », ou l’épouvantable reprise du « Spinning Wheel » de Blood, Sweat & Tears). Mais la balance penche ici très largement en faveur de l’excitation et de la fièvre, grâce à des gemmes telles « Mother Popcorn » ou « Say it Loud-I’m Black And I’m Proud ». Un rappel définitif de qui est le patron absolu du genre. Une édition disponible en cd et double vinyle.

JAMES BROWN

Live At Home With His Bad Self

(Universal Music)

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