FAIRUZ – « WAHDON »

PARADIS PERDU

PAR CHRISTIAN LARREDE

Initialement édité en 1979, Wahdon (qui poursuit donc, après celle de l’album Abu Ali, l’exhumation de différents incunables de la diva) déploie de nouveau ses fastes dans une réédition en format vinyle.

L’album constitue bien davantage qu’une simple collection de cinq nouveaux thèmes, qui confortent le statut de la star libanaise sur la scène internationale. Affaibli par de graves problèmes de santé, Assi Rahbani, époux de la star (et son compositeur et chef d’orchestre), est cette année-là contraint de prendre du recul, et de passer le relais à leur producteur de fils, Ziad. Le pari est osé, qui, sous la pression de la jeune pousse, va faire entrer la chanteuse dans la modernité et la musique transculturelle. En ce sens, Wahdon détournera une partie des fans gardiens de l’orthodoxie, avant d’être au fil des années réhabilité. La session débute pourtant dans un créneau plutôt traditionnel, dans lequel percussions et cordes orientales assument la pérennité du genre. Il en va tout autrement avec les deux dernières (longues) plages du disque, enregistrées en Grèce. Quelques bulles de jazz, l’empreinte du disco qui bouleverse alors la planète, et ce funk que nul n’espérait à pareille fête, servent admirablement l’art hypnotique de Fairuz. S’y adjoignent des textes où l’amour courtois cède la place aux plus torrides expressions érotiques pouvant unir un couple (« Al Bostah » – Le bus, déroule le tableau d’une jeune femme amoureuse prise par la fièvre de sa passion). Un classique absolu, et l’expression d’un paradis perdu.

FAIRUZ

Wahdon

(Wewantsounds/Modulor)

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