UN DRÔLE D’OISEAU
PAR CHRISTIAN LARRÈDE
Dans le cadre du centenaire de la naissance du plus éminent saxophoniste alto de l’histoire du jazz, un hommage massif à son inventivité libertaire, qui fait sens pour des générations de musiciens.
Afro-américano-amérindien né le 20 août 1920, ce fils de musicien avait pour coutume, dès sa prime jeunesse à Kansas City, de jouer à l’oreille les fulgurances des solistes qu’il vénérait, de Louis Armstrong à Coleman Hawkins. Jeune homme, il fut prêt à accepter un petit boulot de plongeur de restaurant, pour peu que le pianiste Art Tatum se produise dans l’établissement. Naturellement, cette silhouette de croisé du jazz – décédé prématurément à l’âge de 35 ans – ne résiste pas longtemps au reste de sa biographie, tant l’addiction de Charlie Parker aux substances psychotropes en fit un personnage ingérable, incitant une génération de ses contemporains (partant du principe que drogues = génie du bebop) à de semblables excès. En outre, il serait historiquement injuste de minimiser l’extraordinaire aiguillon artistique que représenta le trompettiste Dizzy Gillespie, véritable maître/mètre étalon en la circonstance, pour Parker, ou le rôle de la mécène et baronne Pannonica de Koenigswarter, qui lui tint assistance jusque dans la mort. C’est tout cela, et davantage encore, que conte cette édition du centenaire sous forme d’un coffret en dix temps, qui rassemble dans ses six premiers tomes 131 titres dans lesquels le soliste intervient en tant que leader. Le septième chapitre offre une petite trentaine des désormais indispensables prises rares ou alternatives. Le 8ème disque déroule partie des sessions enregistrées en compagnie d’un orchestre à cordes (synonyme de gloire internationale pour le jazzman), son suivant une sélection de titres où pointe l’influence des rythmes latinos, le disque conclusif s’attachant aux prestations de Parker comme musicien de sessions. Une édition vinyle offre en format limité, la sélection de 24 enregistrements historiques et indispensables à la compréhension de l’histoire du jazz, et au parcours de celui qui reste dans les cœurs comme un colosse aux pieds d’argile.
CHARLIE PARKER
Now’s The Time
(Le Chant du Monde/[Pias])
JAZZ