Le chanteur est passé de l’autre côté de la colline. L’ex-nouveau jeune espoir de la scène soul a une solide carrière derrière lui, pas mal de succès aussi. Il est aujourd’hui une valeur sure d’un genre qui intéresse davantage le public adulte que la jeune génération, largement tournée vers des formes plus commerciales. Ce qui ne l’empêche pas de creuser son sillon dans le pas de ses illustres devanciers avec la même conviction.
PAR ROMAIN GROSMAN
Le jeune chanteur de Charlotte, en Caroline du Nord, qui incarnait un ressourcement de sa génération à ses racines a eu cinquante ans début 2021. Le temps passe, les modes aussi. De retour après une éclipse de cinq ans, Anthony Hamilton a multiplié les duos. Sa voix chaude et réconfortante a notamment séduit Jill Scott, Angie Stone. En solo, il revient avec un enregistrement dans le droit fil de ses précédents opus, où l’ombre des Bill Withers, Bobby Womack, confère à ses chansons une forme de gravité que son timbre accompagne sans en rajouter. Ses débuts comme choriste de D’Angelo (sur le Voodoo Tour), ses nombreuses nominations aux Grammys, ses hits (« Charlene » en 2005), la présence sur ses sessions passées de producteurs en vogue (Andre Harrell, Salaam Remi, James Poyser), ses apparitions sur les enregistrements de Roy Hargrove (Hard Groove, en 2003), de Buddy Guy (Bring ‘Em In, en 2005), sur la B.O. du Django Unchained de Quentin Tarentino en 2012, l’ont fait entrer dans le cercle des artistes soul reconnus de son temps. Entre r’n’b et hip hop infusé d’harmonies gospel, Love Is The New Black reste de facture classique, avec une ballade très Isley Brothers (« Coming Home »), une autre à la Teddy Pendergrass (« I Thought We Were In Love »), un duo avec Jenifer Hudson (« Superstar », un peu mielleux). Un album en manque de temps forts, ni décevant, ni transcendant.
ANTHONY HAMILTON
Love Is The New Black
(BMG)