PAR FRANCISCO CRUZ
Neuf ans après le magnifique Last Night The Moon… In The Street (ECM, 2009), voici le retour (flamboyant) du maître de la musique électronique contemporaine.
Listening To Pictures – évocation poétique du « Pentimento », la superposition thématique dans l’art pictural – prolonge la très personnelle recherche sonore de Jon Hassell, entreprise depuis l’époque où il fréquentait Karl-Heinz Stockhausen, La Monte Young et Terry Riley, poursuivie à traversses dernières expériences partagées avec Peter Gabriel, Björk, Brian Eno, Paolo Fresu ou Eivind Aarset (présent ici aux cotés des bassistes John Von Seggern et Peter Freeman, des violonistes Hugh Marsh et Kheir-Eddine M’Kachiche). Comme il y a 40 ans avec sa géniale invention conceptuelle du «Quatrième Monde» sonique, fenêtre ouverte sur de possibles développements électroacoustiques, Listening To The Pictures est une affirmation fraichement optimiste qui conteste tout conservatisme revivaliste et se moque des plus récalcitrantes anorexies artistiques actuelles (notamment dans la musique électronique). Les recherches de Hassell ont repoussé les frontières bien au-delà de la «Dream Theory» inhérente au Quatrième Monde; pourtant ces expérimentations sur des synthés ancestraux et les procédés par superpositions de textures et montages audacieux, dont le «pentimento sonore», sont bien à la base de ses explorations. La texture « aquatique » de sa trompette, son phrasé onirique au coeur d’un tableau musical en permanente réalisation et la poésie improvisée de Jon Hassell perpétuent une trajectoire en constante réinvention.
JON HASSELL
Listening To Pictures
(Ndeya)
ELECTRONIQUE-JAZZ