ROSE DE BEYROUTH
PAR CHRISTIAN LARRÈDE
Au Liban, statue du Commandeur grâce à ses pièces de théâtre, chansons et autres comédies musicales, mais également son engagement politique radical, et fils du compositeur Assy Rahbani et de la diva Fairuz, il reste le musicien prééminent de la guerre civile, et une figure artistique majeure dans tout le monde arabe.
C’est l’histoire d’un jeune garçon, profitant de sa dimension d’intouchable (tout le monde n’a pas une icône comme mère), et au talent particulièrement précoce, que l’on surnomme le Guevara de la chanson arabe. En effet, lorsque Ziad Rahbani écrit la pièce Bennesbeh…, dans laquelle sont entre autres développés des thèmes d’adhésion au communisme, il n’est âgé que de 22 ans, mais s’est déjà imposé comme un compositeur majeur de la scène beyrouthine, et le producteur de sa génitrice. Ce sont les thèmes musicaux utilisés comme intermèdes sur la scène du théâtre qui figurent ici, en réédition de l’œuvre initiale (1978). Et dans chaque mesure éclate le talent du compositeur à synthétiser ses influences originelles issues de la culture arabe, avec le jazz, et la musique à programme (en particulier les bandes originales de film couchées sur partition par Lalo Schifrin, la fantaisie de Nino Rota ou les drapés d’Ennio Morricone), mais également la bossa-nova comme un film conducteur de l’œuvre.
Même s’il répudiera ultérieurement l’étiquette d’oriental jazz, il est patent que l’on retrouve ici des couleurs harmoniques et des arrangements de pure soie que ne renierait pas le compositeur brésilien Jaques Morelenbaum. Aujourd’hui, Ziad Rahbani, au gré de tournées internationales, et utilisant des grandes formations, se consacre plutôt à la dimension symphonique de son œuvre. Cet enregistrement de jeunesse n’en démontre pas moins la joie de composer, et la pétulance d’interprétation d’un musicien ouvert sur le monde comme une fête.
ZIAD RAHBANI
Bennesbeh Labokra…Shou ?
(We Want Sounds)