JAMES TAYLOR – « AMERICAN STANDARD »

SUR-MESURE

PAR CHRISTIAN LARRÈDE

Considéré comme l’un des plus talentueux compositeurs américains des 70’s (et au-delà), James Taylor paie ici sa dette, avec 14 refrains qui ont traversé gaillardement les années, et sont désormais inscrits dans l’inconscient collectif américain : l’exercice le plus cool qui soit. 

Á l’instar des albums de Noël, les artistes anglo-saxons considèrent le disque de reprises comme le passage obligé vers une maturité reconnue (avec cinq opus dans ce registre, Rod Stewart semble s’être fait une spécialité de l’exercice). James Taylor a toujours goûté le plaisir de glisser sa voix dans les mélodies des autres, allant en 2008 jusqu’à consacrer un premier disque au genre (Covers). Reconnaissons qu’il a tout pour réussir ici : un chant subtil et tendre, une technique guitaristique époustouflante, et un formidable carnet d’adresses (le guitariste John Pizzarelli et Steve Gadd sont venus payer leurs écots, et Lou Marini distille quelques chorus de clarinette old school ondoyants). Certes, la sélection (Rodgers & Hart, Jerome Kern, Johnny Mercer) l’absout de la moindre faute de goût. Mais Taylor bénéficie de ce rare talent d’habiter ces scies avec une incomparable suavité. Le chanteur offre une coloration folk-jazz à un standard de Billie Holiday (« God Bless The Child »), et se sort de la chausse-trappe grâce à une interprétation poignante. Bien évidemment, la session a ses limites, celles d’une musique balisée, confortable et tranquille jusqu’à la somnolence. Mais, après tout (des orchestrations d’une rare élégance, et un chant proprement somptueux), la sieste avec James Taylor semble n’avoir que des avantages.

JAMES TAYLOR

American Standard

(Fantasy Records/Concord Music Group)

POP

4/5