VOIR LONDRES, ET MOURIR

PAR CHRISTIAN LARREDE

Retour sur dix mois de la vie d’un enfant du siècle, moins d’un an de la trajectoire du plus immense guitariste de rock de tous les temps.

Jas Obrecht (ancien rédacteur en chef de Guitar Player) est un spécialiste de la guitare, et cela tombe plutôt bien, lorsqu’on s’attelle au parcours du gaucher le plus emblématique de la six cordes de l’ère moderne. Dans un registre tout aussi optimiste, il est également heureux de constater que des avions parviennent à bon (aéro)port, et c’est bien le cas de celui qu’emprunta James Marshall Hendrix le 23 septembre 1966, afin de rallier Londres au départ de New-York. Le reste (la création du Jimi Hendrix Experience, les rencontres avec Brian Jones ou Eric Clapton, mais également la saga française et ses improbables concerts dans l’hexagone profond) appartient à l’Histoire, tout du moins à notre histoire. C’est celle qu’a choisie de nous conter Jas Obrecht, pratiquement minute par minute, de l’extase (le Swingin’ London à genoux) à l’extase (le public du festival de Monterey, à genoux). N’oblitérant pas la dimension extra musicale de la trajectoire d’Hendrix (sexe, émargement politique, et écume sociologique), qui fit de l’Américain bien davantage qu’un simple musicien du rock’n’roll circus. Décryptant la mutation de l’état de chrysalide à celui de papillon triomphant de l’artiste, le mérite de cet ouvrage (entre détails inédits, éléments biographiques insoupçonnés et autres notules oubliées) reste bien de célébrer un pur triomphe, et de documenter les très riches heures d’un artisan impérial de la pop post sixties.

JAS OBRECHT

Stone Free-Jimi Hendrix de Londres à Monterey

Editions Castor Music/Castor Astral, 288 pages, 24 euros