QUAND HARRY RENCONTRE COLE
PAR CHRISTIAN LARREDE
Après quelques errements au royaume de la pop, le chanteur et pianiste signe un retour vers une esthétique dictée par l’usage d’un big band, qu’il a ici orchestré, arrangé, et dirigé…
Le casting est complété par un ensemble à cordes, également conduit par le patron, et quelques invités, des néo-orléanais Lucien Barbarin au trombone et le trompettiste Mark Braud, ou le bassiste Neal Caine, que l’on a pu apprécier au côté de Kermit Ruffins. Pour la première fois, Harry Connick, Jr. consacre l’entièreté d’une session à un seul compositeur : Cole Porter, et renoue avec le charme du score composé pour le compte de Quand Harry Rencontre Sally, et le lustre des albums sophistiqués de Sinatra ou Nat King Cole. Compositeur majeur de l’Amérique chantante, Porter n’écrivait pas que des chansons d’amour, mais essentiellement des chansons pour faire l’amour, ce que le chanteur a parfaitement perçu au fil de ses interprétations, toutes de sensualité expressionniste. Et la version virtuose, chaleureuse, et pleine d’humour de « Begin The Beguine » rappelle à quel talentueux pianiste on a ici affaire, en une interprétation qualifiée ailleurs de rencontre improbable entre Oscar Peterson et Professor Longhair. Celui que l’on qualifiait aux prémices de sa carrière de nouveau Sinatra a su être lui-même sous les différentes facettes de l’acteur, du crooner et du musicien. Ce retour triomphal d’Harry Connick, Jr. vers ses racines célèbre, dans ses dialogues avec la section de cuivres ou les clarinettes, le caractère crépusculaire de son chant lorsqu’il se love dans l’écrin des cordes, ou ailleurs le caractère dramatique de ses vocalises, les très riches heures d’un grand interprète, et d’un grand disque.
HARRY CONNICK, JR.
True Love A Celebration Of Cole Porter
(Verve/Universal)
JAZZ