OUVERTURE AUSPICIEUSE
PAR FRANCISCO CRUZ
Très en forme et enthousiaste, l’octogénaire saxophoniste camerounais Manu Dibango a continué de célébrer ici ses 60 ans de carrière musicale. Entouré d’une formation rompue aux afrobeats et au rythme chaloupé du makossa, le « grand Manu » s’est fait un bonheur d’inviter l’explosive bassiste Manou Gallo, pour réveiller un auditoire déchainé.
La veille, un quatuor de pianistes de la scène jazz française – Baptiste Trotignon (décidément transformé), Eric Legnini, Pierre de Bethmann et Bojan Zulfikarpasic – se réunissait pour une création. Naviguant et improvisant entre deux pianos et deux Fender Rhodes, jouant des compositions personnelles, des standards et des reprises de thèmes pop, les quatre musiciens se sont livrés à un exercice ludique, par moments euphorique (à quatre) ou plus dramatique en duo, refroidit par des problèmes techniques. A suivre… Plus tôt, entre passages fulgurants et compositions à la langueur subjuguante, dans un environnement dépouillé, le saxophoniste Emile Parisien montre – en quartette et par-delà ses qualités d’instrumentiste -, que le travail partagé, au contact de Michel Portal ou de Jeff Mills, a fait bien mûrir son jeu.
Après la tragique disparition d’Esbjörn Svensson, les survivants (suédois) d’E.S.T. – le batteur Magnus Öström et le bassiste Dan Berglund – s’étaient consacrés à leurs projets respectifs, plus teintés de rock. Leur association avec le pianiste norvégien Bugge Wesseltoft au sein de Rymden n’effacera pas la trace laissée par leur formation emblématique, mais… Leur nouveau projet est un trio sans véritable leader – même si Öström porte le groupe sur scène -, avec une circulation d’énergie différente, avec un équilibre triangulaire plus équilatéral. Un trio à la poésie spatiale, plus proche des expérimentations électroniques et d’un certain mysticisme nordique, qui pourrait devenir la nouvelle référence du jazz scandinave. Un beau concert plein de promesses, alors que le festival se prolonge et que s’annoncent les performances vocales de Dianne Reeves et de Youn Sun Nah (19), «Joy» le nouveau projet de Sophie Alour – avec l’oudiste Mohamed Abozekry – (17), et le swing enivrant des caribéens Mario Canonge et de sa majesté Calypso Rose (18)…
TOURCOING JAZZ FESTIVAL
JUSQU’ AU 19 OCTOBRE
www.tourcoing-jazz-festival.com