PAR FRANCISCO CRUZ
Vingt ans ont passé depuis que la jeune femme d’origine tamoule a pris par surprise la new wave électronique londonienne et, à fortiori, suscité l’enthousiasme chez les musiciens créatifs français (Vincent Segal, Olivier Louvel, Cyril Atef…) qui l’ont rapidement rejointe sur scène lors de ses concerts hexagonaux. Plus mélodique que le versant électro de Talving Singh ou que les expérimentations vocales de Sheila Chandra, l’électro-pop anglo-indienne de Susheela Raman était (et reste) beaucoup plus accessible au public néophyte. Après moultes allers-retours entre pop occidentale et variations afro-asiatiques inspirées de cultures ancestrales, la voici embarquée dans une nouvelle aventure du côté de l’Indonésie. Ghost Gamelan est une exploration à travers les vibrations sonores mais aussi spirituelles du gamelan balinais – née de la rencontre entre Susheela Raman et le musicien javanais Gondrong Gunarto -, qui a trouvé sa forme (plus ou moins) définitive avec l’intervention du batteur Malcom Catto des Heliocentrics et de la percussionniste expérimentale Lucie Antunes. Séduite par la sonorité profonde et envoûtante du gamelan (comme le furent autrefois Steve Reich et Philip Glass), la chanteuse incorpore un ensemble d’instrumentistes rompus aux jeux des gongs accordés et des musiques micro-tonales. Le résultat est un voyage singulier qui invite à la méditation sur la transformation du vivant et la banalité de la possession.
SUSHEELA RAMAN
Ghost Gamelan
(Naïve/Believe)
ELECTRO POP ANGLO-INDONESIENNE