VIENS VOIR LES MUSICIENS…
PAR KATHLEEN AUBERT
Du « Baiser De l’Hôtel De Ville » au « Petit Porteur De Baguette » ou à « L’Ecolier Pensif », on pensait connaître le photographe Robert Doisneau sur le bout des doigts. Pourtant, c’est une partie peu connue de son œuvre, consacrée aux musiciens, que la Cité de la Musique met à l’honneur jusqu’à fin avril 2019.
Au total plus de 200 tirages argentiques, « un patrimoine exceptionnel jamais exposé à ce jour », précise Clémentine Deroudille, la petite fille de Doisneau et commissaire de l’exposition qui raconte autant l’homme que ceux dont il a tiré le portrait. Comme souvent chez Doisneau, qui arpentait Paris et sa banlieue sans relâche, Rolleiflex en bandoulière, l’histoire commence dans la rue. Avec beaucoup de poésie, il photographie fanfares, kermesses, musiciens de bistrot et accordéons des années 50, autant de tranches de la vie populaire, émouvantes par leur sincérité, toujours « entre bonheur et petite mélancolie », comme disait le maître.
Le compositeur, théoricien et écrivain français Pierre SCHAEFFER en 1961.
Viennent ensuite les clichés de vedettes de la chanson françaises réalisés pour la presse, les figures de Saint-Germain-des-Prés, le jazz, les gitans… Et puis, au gré de ses amitiés, qui le guidaient souvent dans ses choix, on retrouve le visage des pères de la musique concrète, bien sûr une série de photos à l’humour surréaliste avec le violoncelliste Maurice Baquet, mais également et plus étonnamment de nombreuses photos de groupes punks français, dont les Rita Mitsouko. « Mon grand-père est souvent enfermé dans une image, mais on oublie que c’était un photographe unique avec un regard moderne sur son époque », souligne Clémentine Derouville.
Doisneau, qui est mort en 1994 et n’a pas connu le numérique, savait saisir en un clic l’essence de l’humain et de ses émotions, un peu comme les musiciens en quelques notes. C’est ce que prouve l’exposition, dont l’habillage musical et graphique a été conçu tout en délicatesse par le groupe franco-américain Moriarty. Et c’est pour cela que le visiteur, à peine son parcours terminé, n’a qu’une envie : recommencer
DOISNEAU ET LA MUSIQUE
CITE DE LA MUSIQUE/PHILHARMONIE DE PARIS
JUSQU’AU 28 AVRIL 2019
