Viols d’enfants, spiritisme, violences conjugales, abus policiers, braquages de maisons, sociétés sécrètes, assassinats à l’arme blanche… Les « joyeux » comportements de l’être humain dans notre monde contemporain se donnent rendez-vous dans l’Islande décrite par l’as du polar nordique, comme des contre-valeurs à surpasser…
PAR FRANCISCO CRUZ
LE CRIME DU JOUR D’APRES ?
Sur un tréfonds de crise financière et morale, provoquée par un collapse capitaliste (fin de la première décennie de ce siècle) et de colonisation militaire étasunienne dans l’Islande réelle, Indridason tisse une trame sordide entrelaçant les histoires personnelles de différents personnages, à priori disparates et éloignés. C’est avec une maestria narrative affirmée, qu’il avance son récit en spirale, à partir d’un crime commis plusieurs décennies en arrière ; crime jamais élucidé et qui a eu pour victime directe le père d’un ancien policier.
Lui-même victime pendant son enfance de ce père extrêmement violent, le policier démissionnaire enquête tardivement sur l’assassinat de son géniteur et, à son tour, se retrouve suspecté et persécuté en tant qu’auteur présumé du crime.
Heureusement, dans cet environnement malsain, le protagoniste principal (Konrad, l’ancien policier) retrouve le soutien et la complicité de la fille du malfaiteur associé de son père. Ensemble ils vont tenter de dénouer une intrigue en apparence inextricable. Heureusement, aussi pour le lecteur, au milieu de drames et de crimes plus sinistres les uns que les autres, surgit une histoire d’amour. Une issue pour échapper à des violences conjugales et incestueuses, mais aussi pour démonter un complot glacial.
Pour nourrir de fantaisie, un tant soit peu, cette fiction malheureusement proche de la réalité quotidienne dans de nombreuses régions du monde globalisé, l’auteur introduit le concours de personnes clairvoyantes et de faux voyants. Et, cerise sur le gâteau, il fait converger toutes les énergies positives et négatives de son polar vers la découverte d’autres intrigues, qui bouleversent la vie (faussement) paisible d’un quartier résidentiel de Reikjavik.
ARNALDUR INDRIDASON
Le Mur Des Silences
Editions Métailié, 338p – 22€