C’est un très beau moment de l’histoire de la musique populaire, cubaine, et du monde. Il y a 25 ans, dans les studios Egrem de La Havane, Juan de Marcos Gonzalez (directeur musical) et Ry Cooder (producteur) convoquaient une pléiade de chanteurs et de musiciens traditionnels cubains dont certains étaient pratiquement oubliés, relégués par la dynamique évolutive de la scène cubaine post Révolution. Ces séances d’enregistrement ont donné lieu aux premiers disques de la très célèbre collection Buena Vista Social Club. Réédition anniversaire d’un quart de siècle, rémasterisée et agrémentée de plages inédites. Un événement. LA SUITE
Il fut un temps où le festival de La Villette était le point de rencontre privilégié des jazzmen à Paris, de Miles Davis à Stan Getz. Le jazz en danger de phagocytage par d’autres musiques plus easy listening, le festival a fait de la résistance sous le slogan Jazz Is Not Dead, grâce à la présence de monuments comme Wayne Shorter ou Chucho Valdés. Les jazzmen inévitablement passent et trépassent, mais le jazz se réinvente notamment via la complicité des musiques cousines et de musiciens qui aiment le jazz sans en jouer. Cette année encore, le jazz de création continue de (sur)vivre grâce à la qualité et à la persévérance d’artistes comme Kenny Garrett et Joshua Redman, Marcus Miller et Benoît Delbecq (31/8), ou à l’audace et à l’énergie de Sons of Kemet (3/9). Le festival met l’accent sur un hommage aux grands disparus, de Cheick Tidiane Seck à Randy Weston (5) et de José James, Nona Hendryx et Bettye Lavette à Aretha Franklin (10). JALV célèbre aussi les voix des divas : Oumou Sangare (3) la malienne et Omara Portuondo (30/9) la cubaine, cette fois entourée de belles filles, Mayra Andrade (née à Cuba) et les jumelles d’Ibeyi, dont le conguero de père (Anga Diaz) fit jadis swinguer la voix de la grande Omara. F.C.
Fiest’à Sète s’est souvent parée de couleurs latines. Sans négliger pour autant, ni les racines rythmiques africaines ni le lyrisme des Balkans. Et si parfois les choix de programmation ont pu nous laisser dubitatifs, cette année tout semble converger dans la (meilleure) direction. Fiest’à fait honneur aux femmes (ce n’est pas la première fois). À commencer par deux générations de cubaines séparées d’un demi-siècle : Omara Portuondo (1er août) – avec Roberto Fonseca -, et la violoncelliste la plus créative parmi les jeunes musiciens formés dans l’Ile du mojito, Ana Carla Maza (fille de l’éclectique multi-instrumentiste chilien Carlos Maza), désormais résidente en France. Sur la superbe scène du Théâtre de la Mer, qui avait accueilli Césaria Evora au sommet de son art, c’est l’exubérante nouvelle voix capverdienne Lucibela (3), qui rendra hommage à l’inoubliable chanteuse aux pieds nus. Se rapprochant davantage de ses racines tamoules et aussi des musiques balinaises, Susheela Raman (2) présente son dernier projet transculturel, tandis que la jeune argentine La Yegros mettra le feu avec les accents endiablés de sa cumbia électro. En ouverture, le chanteur Baloji déroulera le tapis rouge pour le retour estival de la fringante Calypso Rose (31 juillet). F.C.
Pour sa seconde partie, le NJF continue à dérouler sa programmation aux accents anglais avec Kokoroko qui attaque fort sur un air de Fela. Sa section de cuivres féminine en avant-poste, le combo londonien balance entre afrobeat et jazz et secoue d’entrée la scène Verdure. LA SUITE
On a vu le festival de Marseille grandir dans son approche du jazz, évoluer dans son ouverture aux divers continents, briller par la découverte de musiciens géniaux et sous l’aura infini des maîtres des sons libres et syncopés. À Marseille on s’est laissé emporter par les musiques signées Wayne Shorter, on a vu la foule danser avec les tumbaos imprévisibles de Roberto Fonseca, et succomber à une Youn Sun Nah émue jusqu’aux larmes. À Marseille on a écouté live pour la dernière fois la merveilleuse Geri Allen – avec ses amies Esperanza Spalding et Terri Lyne Carrington -, et entendu les adieux douloureux de Roy Hargrove. Entre temps, le créateur du festival est aussi parti vers d’autres dimensions.
Aujourd’hui les Cinq Continents célèbrent leurs 20 ans et pour paraphraser le fameux tango Volver « 20 ans, ce n’est rien », le début de l’histoire (improvisée) continue à s’écrire. Une fête lancée par la réunion de Nils Peter Molvær et Mino Cinelu (17), une pointure majeure du jazz électronique et un revenant des syncopes poly rythmées. Chucho Valdés (25) enfile cette année le rôle de grand maître, un honneur bien mérité pour le pianiste cubain, en compagnie de la diva Omara Portuondo et de Kenny Garrett en sideman ! Après une longue absence, c’est le retour du prolifique et inclassable sax newyorkais John Zorn (26) avec son projet « Bagatelles Marathon », et une sorte de consécration française pour deux jeunes talents : l’étasunien José James (23) – entre neo blues et pop soul -, et l’albanaise Elina Duni (21) -en duo avec le guitriste Rolf Luft -, qui multiplie les (beaux) projets après l’arrêt de son quartet original. F.C.
Sans doute le plateau le plus malin de l’été. Dans cette transition entre le patrimoine et les nouvelles tendances, le jazz s’installe côté Théâtre de Verdure, le groove côté Massena. Une ouverture funky avec Nile Rodgers et Chic (16), qui avait relancé son histoire à Cimiez (avec Omar Hakim), il y a quelques années, et la voix soul de Jacob Banks. Le renouveau est incarné en mode pop par Jordan Rakei, en mode jazz par le jeune batteur de Chicago Makaya McCraven (17). Des jeunes talents à suivre ne manquent pas, pour les esprits défricheurs : Ezra Collective, Kokoroko, Masego (18), dans des styles hybrides et emballants. Des têtes d’affiche grand public renforcent le casting : Angèle (17), les Black Eyed Peas (18), Hocus Pocus, ou Ibrahim Maalouf (19), Omara Portuondo (20). Sans oublier Chris Mc Bride, José James, ou Jupiter : une semaine riche et dense. R.G.