MUSEE CARNAVALET, REOUVERTURE

CARNAVALET 2.0 : REBOOT POUR LE MUSEE DE

L’HISTOIRE DE PARIS

TEXTE et  PHOTOS KATHLEEN AUBERT

Enfin ! Après quatre longues années de travaux et quelques mois d’attente supplémentaires à cause de la crise du Covid 19, le musée Carnavalet vient de rouvrir ses portes. Un moment très attendu par les habitués du lieu consacré à l’histoire de Paris, de la préhistoire à nos jours.

Grâce à cette rénovation massive, on espérait une véritable renaissance pour le plus ancien musée de la Ville, ouvert au public en 1880 au cœur du quartier du Marais. Pourtant, le résultat est mitigé. Certes, ces quatre ans de chantier et un budget de plus de 58 millions d’euros auront permis de restaurer les deux hôtels particuliers constituant le musée, ses décors et les 3800 œuvres qui y sont exposées. Mais l’opération avait aussi pour but de repenser entièrement la scénographie de ses salles et de ses collections. Résultat : l’endroit y a perdu une partie de son âme et de son charme un peu désuet, au point que les habitués n’y retrouveront pas vraiment leurs marques. Jusqu’alors, les Parisiens et les amoureux de Paris allaient à Carnavalet comme chez un vieil ami. Désormais, ils viendront au musée.
En cause, la réorganisation assez froide des salles par thématiques (même si le fil chronologique a été respecté), mais aussi la modernisation radicale des installations. Pupitres noirs épurés, grandes vitrines, outils numériques et écrans interactifs ont en effet fait leur apparition au milieu des boiseries, des tableaux et du mobilier d’époque. Également au nombre des ajouts : plusieurs escaliers intérieurs ultra-design jurant avec l’esthétique globale des bâtiments, et la terrasse d’un tout nouveau restaurant empiétant largement sur les magnifiques jardins de l’hôtel de Madame de Sévigné.

Passées ces mauvaises surprises, il faut toutefois admettre qu’au rang des nouveautés, il y a aussi du positif. La signalétique, remaniée en français, anglais et espagnol offre davantage d’informations sur les œuvres exposées. Mais surtout, le musée s’est agrandi de plusieurs salles présentant pour la première fois la période de 1910 à nos jours, au fil desquelles on découvre la ville en mutation, au gré des mouvements sociaux et littéraires. La Belle Époque est également mise à l’honneur grâce à de nombreuses nouvelles toiles (malheureusement pas très bien éclairées), parmi lesquelles les habitués retrouveront leur patineur du bois de Boulogne ou leur rêveuse du Pré Catelan. Les salles dédiées à la Révolution française, jusqu’alors très exigües, ont quant à elles bénéficié d’un relooking complet.

Initialement prévue le 29 mai dernier, l’ouverture du lieu culturel avait été retardée d’une journée à cause d’un piquet de grève d’agents des musées de la Ville de Paris se plaignant de leurs conditions de travail et de la loi pour la transformation de la fonction publique. « 58 millions dépensés pour le musée Carnavalet… et rien pour le personnel » annonçait le tract distribué par les syndicats aux visiteurs éconduits. « Ah, il n’y a qu’à les regarder pour savoir à qui on a affaire ! », aboyait une manifestante en regardant d’un air mauvais la queue qui s’allongeait sur le trottoir. « La culture, on s’en fout, ça n’est pas l’important ! », assénait-elle, méprisante. Tout est affaire de point de vue, sans doute… La culture n’est pas l’apanage des riches. Elle appartient à tous. Pour rappel, dans tous les musées de la Ville de Paris (sauf les Catacombes et la Crypte archéologique de l’Ile de la Cité), l’accès aux collections permanentes est gratuit et seules les expositions temporaires sont payantes. Carnavalet en consacre actuellement une au photographe Henri Cartier-Bresson et à son regard sur Paris, à voir jusqu’au 31 octobre.

Musée Carnavalet – Histoire de Paris

23 rue de Sévigné, 75003 PARIS
www.carnavalet.paris.fr