TINA TURNER – « WHAT’S LOVE GOT TO DO WITH IT »

Trente et un ans après sa première édition – et un an depuis le décès de l’extraordinaire chanteuse afro américaine -, le label Warner publie une somptueuse réédition en divers formats du mythique album. Une opération commerciale impressionnante au niveau planétaire, pour célébrer ce qui fut une des périodes les plus brillantes de la vie artistique de la plus spectaculaire performer de soul rock. 

PAR FRANCISCO CRUZ

Cérémonie de libération 

La chanson qui donne le titre à cet album avait été déjà publiée auparavant (il y a quarante ans) dans le disque Private Dancer, le premier qui avait hissée Tina Turner aux plus hautes strates de popularité à travers le monde. Si Paris l’accueillait avec des auditoires de douze à quinze mille personnes, à Rio de Janeiro cent quatre vingt mille fans chantaient en choeur «What’s Love..» et dansaient euphoriques au stade Maracana. Et il en fut ainsi à Berlin et à Tokyo, à Johanesbourg  et à Barcelone.

Hormis ses incroyables stats commerciales, rappelons juste que Tina Turner a été nommée vingt cinq fois aux Grammy Awards et qu’elle en a remporté huit. La chanson éponyme de cet album a servi de bande son au film biopic que lui fut consacré.

Parmi les différents formats de la réédition remasterisée (CD, DVD, Digitale), et pour revivre le son de l’époque, une version vinyle est ajoutée. Dans une construction particulière du tracklisting, la chanson titre y est presque à la fin, juste avant l’épilogue signé avec «Tina’s Wish». On y retrouve «Disco Inferno», le classique  de The Trammps, «Proud Mary» et «A Fool In Love», deux grand succès de l’époque avec (son ancien mari et mentor) Ike Turner, ainsi que le très célèbres «Rock Baby» et «I Might Have Been Queen». En ouverture du programme apparait «I Don’t Wanna Fight» qui en 1993 faisait office de nouveauté. 

Au moment de la première édition de What’s Love Got Do With It, la popularité planétaire de Tina Turner était largement établie. On venait alors de sortir de quelques cauchemars : les dictatures latino-américaines, le totalitarisme communiste en Europe orientale, la vague délirante des khmer rouges au Cambodge, tandis que la guerre du Vietnam devenait un souvenir lointain. Les prisonniers libérés, les murs par terre, la planète voulait danser en liberté. Tina était une fulgurante maitresse de cérémonie, la shamane qui menait le rituel de libération.

Un cocktail irrésistiblement entrainant, intense et excitant, d’amour et de sexe. Pour quoi donc atteindre la nuit, pour danser ou faire l’amour ?  On vit toute la journée et n’importe quel moment est bon pour exprimer la vie. Désormais, au temps des nouvelles prisons électroniques dans des environnements virtuels, insipides et artificiels, danser réellement sur le disco incarné de Tina Turner ressemble à un salutaire anachronisme. 

TINA TURNER

What’s Love Got Do With It

(Warner)

 

 

 

 

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