Mystérieuse personnalité et artiste exquise, Annette Peacock est une musicienne très importante dans le vaste multivers des musiques nouvelles. Cet album marquait un retour discographique après douze ans de silence. Sa voix et son piano y sont accompagnés par une section de cordes de Cikada, le brillant orchestre de chambre norvégien. Sa réédition dans la série «Luminiscence» offre une juste reconnaissance à son talent…
PAR FRANCISCO CRUZ
Au moment de la parution d’Acrobat’s Heart, Annette Peacock collaborait à la préparation d’un nouvel album du chanteur de rock David Bowie. Immédiatement après avoir accompli une fructueuse période créative en compagnie de la pianiste de jazz Marilyn Crispell, qui lui avait valu une critique dithyrambique unanime de la presse spécialisée. Ce qui reflètait son aperture esthétique et sa liberté d’esprit.
Cœur d’acrobate et voix de funambule, l’ancienne compagne de Gary Peacock et de Paul Bley avait peaufiné le répertoire de cet album quatre ans durant, écrivant textes et musiques pour quatuor de chambre, suivant une commande de Manfred Eicher, le producteur fondateur du label allemand ECM. Acrobat’s Heart, est une aventure musicale toute en finesse, minimaliste et dépouillée de toute ornementation futile.
En duo harmonique avec le silence, la voix d’Annette Peacock parcourt des sentiers intérieurs, comme une conversation solitaire écrite sur les pages d’un journal intime. Une sorte de chronique de vie qui ne cherche ni l’idéalisation, ni l’embellissement, mais la paix de la vérité regardée en face. Artiste à l’inventivité surprenante, son travail de composition sous la forme de free-ballads a sucité un renouvellement d’énergie fantastique pour le jazz, et un défi rythmique très motivant pour les musiciens, notamment les batteurs.
Poétesse de free songs, inspiratrice des avant-gardes transversales allant du freejazz à l’ambient music, le rock expérimental ou le jazz modal, Annette Peacock est ici au piano, superbement accompagnée d’une section de cordes de l’ensemble norvégien Cikada. Ce retour (discographique) en beauté, après douze ans de silence, était fondé sur le même lyrisme pianistique qui avait séduit le jazz vers la fin du XXe siècle.
ANNETTE PEACOCK
Acrobat’s Heart
(ECM/Universal)