Dans un long processus de consolidation de la relève musicale cubaine, la réunion de quelques-uns des meilleurs musiciens de la diaspora – familiers des scènes françaises depuis 20 ans – sous le nom de El Comité, est l’un des événements marquants de cet été. Ce n’est certes pas d’une nouvelle révolution (musicale) qu’il s’agit, mais un comité engagé sur une reformulation du son afro-cubain, appuyé sur de très solides principes, du tumbao et de swing. L’album El Carrousel en témoigne, secouant la morosité collective qui affecte les scènes françaises.
PAR FRANCISCO CRUZ
Le retour (limité) des musiciens cubains sur les scènes européennes a permis de souligner la disparition des grands orchestres et ensembles cubains de musique dansante dans les temps récents. A la fin d’activité déjà actée du groupe Irakere original, puis de Los Van Van, de La Charanga Habanera, de NG La Banda, et du légendaire Buena Vista Social Club, se sont ajoutés la retraite d’Omara Portuondo, de l’Afrocuban All Stars de Juan de Marcos et des Afrocuban Messengers de Chucho Valdés, pour ne citer que les noms les plus connus des festivaliers français.
Dans ce nouveau « Comité » (mot hérité du langage collectiviste révolutionnaire que ces musiciens ont intégré depuis leur enfance), on retrouve les pianistes Harold Lopez-Nussa et Rolando Luna, le bassiste Gaston Joya et le trompettiste Carlos Sarduy ; ainsi que Rodney Barreto à la batterie, Irving Acao aux saxophones et Yaroldy Abreu aux percussions. Un ensemble davantage influencé par Irakere, et sa double culture jazz et afro-cubain, que par les sonoras et charangas plus proches de la tradition.
Mis en orbite en 2017, c’est sept ans plus tard qu’El Comité trouve un espace ouvert d’expression et vient combler l’absence de groupes cubains de qualité des scènes européennes. La solidité du background de chacun (ils ont joué les sidemen de Chucho Valdés d’Omara Portuondo, d’Isaac Delgado, dans le collectif Buena Vista…), associé à la richesse d’arrangements d’un répertoire plutôt original, justifie qu’El Comité récolte actuellement le soutien mérité des publics festivaliers (déjà passés par la Corse, Vienne et Antibes). Et permet de croire à un renouveau musical au long cours, parallèlement au parcours du groupe de Roberto Fonseca.
La diversité des modes, rythmes et styles abordés, ainsi que l’alternance de solistes et configurations à l’intérieur de l’ensemble, donnent à cet album carrousel un mouvement ondulant très agréable, enrichi par la participation d’invités de haut niveau : le percussionniste-chanteur Pedrito Martinez et le trompettiste libanais Ibrahim Maalouf (qui se fait un bonheur de participer à une nouvelle fiesta afro-cubaine).
Des nouvelles « réunions » dansantes d’El Comité sont prévues à Cher (21 juillet), à Angers (le 25) et à Marciac (le 28). A ne pas manquer. Avant de retrouver El Comité à la rentrée à la Cité de la Musique (Paris, le 5 septembre)
EL COMITE
Carrousel
(Virgin/Universal)