TOWER OF POWER 

En concert cet automne à Paris, ce groupe pourtant légendaire aura traversé les décennies dans un vrai anonymat médiatique. Une injustice largement compensée par la fidélité du public à l’endroit de l’un des plus grands groupes de soul et de funk notamment en live où sa réputation n’a jamais été démentie.

PAR ROMAIN GROSMAN

                        TOUJOURS AU TOP

Parmi tous les grands groupes de funk, ils font figure de survivants. Tower Of Power n’a jamais connu la notoriété des Earth Wind & Fire, Kool & The Gang, de George Clinton et Parliament Funkadelic, des Isley Brothers…. Même s’ils ont publié sous les couleurs des labels Warner, Columbia, c’est comme s’ils étaient restés toujours sagement au second plan, sans mettre le pied dans la porte pour accéder à la ligue des intouchables.

Fondés par des vrais amoureux de soul, avec un côté artisans (ultra qualifiés) – le saxophoniste Emilio Castillo et son acolyte au saxophone baryton Stephen « Doc » Kupka (aka « The Funky Doctor »), bientôt rejoints par le bassiste Francis « Rocco » Prestia (disparu en 2020), le batteur Dave Garibaldi (qui a pris sa retraite en début d’année -, TOP a forgé son histoire sur scène. Patiemment, à force de sincérité et de goût du travail bien fait, les musiciens resitués à Oakland ont trouvé leur style : du groove et des tourneries classiques, des cuivres rutilants, des voix leads toujours bien choisies (le grand Lenny Williams a laissé une marque indélébile avant de poursuivre en solo et de céder la place à des successeurs ad hoc) et des airs directs et impactants. Pas d’albums baclés, pas de concerts bazardés, juste pour faire tourner la boutique : sur plus de cinq décennies, la joyeuse bande a plus que prouvé son état d’esprit, totalement dévoué à son œuvre, et son credo : faire vivre une musique qu’ils ont en eux et qui les tient debout et fringants, aujourd’hui encore à un âge certain.

EW&F n’a pas vraiment survécu à la disparition de son âme et guide Maurice White, même si les Verdine White, Philip Bailey et autres s’y remettent de temps en temps, avec l’idée de ne pas dévoyer un héritage unique (répertoire, richesse musicale dans un alliage incomparable de mélodies, de rythmes et d’harmonies, de cuivres, de voix et de percussions).

Kool & The Gang a tenu jusqu’à la perte récente de plusieurs fondateurs qui ont laissé Ronald « Kool » Bell bien trop seul, comme l’ont démontré les dernières prestations du groupe cet été. 

Avec la récente disparition de Frankie Beverly, Maze et sa soul humaniste et pacifiste laissent un leg de souvenirs et de belles vibrations ineffaçables.

Dans ce paysage décimé par le temps – il reste bien les apparitions du leader du Gap Band Charlie Wilson -, il est temps de rendre à TOP un hommage bien mérité. 

Derrière leur côté débonnaire, cool, second degré, ces musiciens ont construit un catalogue de hits toujours aussi indémodables sur disque comme sur scène : « What Is Hip ? », « Diggin’ On James Brown », « So Very Hard To Go »… Ne pas rater leur prochaine venue à Paris.

TOWER OF POWER, 9 NOVEMBRE A PARIS (CASINO DE PARIS)